Histoire de l’indépendance de la République dominicaine 

L’indépendance de la République dominicaine prend racine dans une lutte acharnée contre la domination étrangère. Après une brève déclaration d’indépendance en 1821, Haïti annexe le territoire en 1822 et impose son contrôle pendant 22 ans. Face à la répression et à la crise économique, Juan Pablo Duarte et ses partisans organisent la résistance. Grâce à La Trinitaria, ils diffusent les idées nationalistes et préparent le soulèvement. Le 27 février 1844, Matías Mella tire le coup de feu symbolique, et Francisco del Rosario Sánchez proclame officiellement l’indépendance. La République dominicaine naît enfin, mettant fin à des années d’occupation.

L’Espagne Boba, ou le laisser-aller espagnol

L’Espagne néglige l’administration de Saint-Domingue (España Boba), ce qui, combiné à la situation économique de l’île, pousse à plusieurs tentatives de renversement du pouvoir après 1809.

En 1821, José Núñez de Cáceres, lieutenant du gouverneur, complote contre l’Espagne et proclame pacifiquement l’indépendance de la partie orientale de l’île le 30 novembre 1821.

Le 1er décembre de la même année, il annonce la première déclaration d’indépendance dominicaine. Ce geste marque la création de l’État indépendant d’Haïti Espagnol, qui deviendra la République Dominicaine.

L’invasion et l’occupation haïtienne de la République Dominicaine

L’indépendance proclamée par Nuñez n’est que de courte durée. L’État indépendant d’Haïti Espagnol n’existe que pendant deux mois et huit jours sans aucune reconnaissance internationale. Cette période est connue sous le nom d’Indépendance éphémère. 

En effet, peu de temps après, Jean-Pierre Boyer agissant en Général de la République d’Haïti envahit la partie orientale avec 12 000 hommes le 9 février 1822.

Le rêve de Jean-Jacques Dessaline, ancien empereur d’Haïti et considéré comme le Père fondateur de la nation haïtienne, se fait réalité : l’île est une et indivisible, et elle restera unifiée pendant 22 ans.

Cependant, l’île connaît la récession, la décadence, l’abandon, et une main de fer réprime les émeutes fréquentes. La situation économique et sociale se dégrade rapidement. Bien que l’île soit unifiée sous la domination haïtienne, elle entre dans une période de récession profonde. La production agricole s’effondre. Les ressources s’épuisent. Les infrastructures sont laissées à l’abandon.

Le pays sombre dans la décadence, et la misère frappe durement les populations locales. Des émeutes fréquentes éclatent, alimentées par l’injustice sociale et les tensions politiques. Les autorités réagissent avec une répression brutale, étouffant dans le sang toute tentative de rébellion. Cette période sombre, marquée par la violence et la désillusion, plonge l’île dans une longue crise, dont les conséquences se feront sentir pendant des décennies.

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Fondation de La Trinitaria par Juan Pablo Duarte

Juan Pablo Duarte y Díez (1813-1876) – Museo Nacional de Historia y Geografía à Saint-Domingue

Avec un groupe de patriotes, Juan Pablo Duarte fonde La Trinitaria le 16 juillet 1838. Le but principal de l’organisation est de lutter pour l’indépendance de la partie orientale de l’île. La Trinitaria souhaite une nation souveraine, libre de toute autre domination étrangère.

Objectifs principaux de La Trinitaria

1. Obtenir l’indépendance de la partie orientale de l’île, alors sous occupation haïtienne depuis 1822.
2. Créer une république libre et indépendante, sans ingérence étrangère.
3. Diffuser les idées nationalistes et souveraines à travers un réseau clandestin.
4. Préparer un soulèvement armé pour expulser les forces haïtiennes et proclamer l’indépendance.

Fonctionnement de l’organisation

La Trinitaria était une société secrète dont les membres s’engageaient sous serment à consacrer leur vie à la cause de l’indépendance. Les fondateurs ont structuré l’organisation en cellules de trois personnes, d’où son nom « Trinitaria ». Chaque membre recrutait deux autres patriotes, garantissant ainsi un réseau solide et discret. Les réunions étaient clandestines, et les patriotes utilisaient des codes secrets pour communiquer.

La Filantrópica et La Dramática propagent les idées nationalistes des Trinitaires

Après la création de La Trinitaria, les fondateurs poursuivent leur engagement en formant La Filantrópica. Contrairement à la première, cette nouvelle société n’est pas secrète. Elle organise des réunions publiques afin de sensibiliser la population aux idées souverainistes et nationalistes. Grâce à ces rassemblements, les fondateurs cherchent à unir les esprits autour de la cause indépendantiste et à renforcer la résistance face à l’occupation haïtienne.

Dans cette dynamique, les Trinitaires lancent également La Dramática, une initiative originale où le théâtre devient un puissant outil de propagande. À travers des pièces jouées en public, ils diffusent leurs idéaux révolutionnaires et éveillent la conscience populaire. En mettant en scène des récits inspirés de la lutte pour l’indépendance, ils parviennent à toucher un large public et à rallier de nouveaux sympathisants à leur cause.

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Qui sont les Pères de la patrie de la République dominicaine

Les Pères de la Patrie, Altar de la Patria

 Les Dominicains considèrent Juan Pablo Duarte, Ramón Matías Mella et Francisco del Rosario Sánchez comme les Pères de la patrie, comme les principaux fondateurs du pays et les figures centrales de la lutte pour l’indépendance face à l’occupation haïtienne.

• Juan Pablo Duarte (1813-1876) : Idéologue du mouvement indépendantiste, il fonde La Trinitaria en 1838, une société secrète visant à libérer la partie orientale de l’île. Son objectif est de créer une nation souveraine, distincte d’Haïti et de toute autre domination étrangère.
• Ramón Matías Mella (1816-1864) : Militaire et stratège, il joue un rôle clé dans la lutte armée pour l’indépendance. Il est surtout connu pour avoir tiré un coup de fusil dans la nuit du 27 février 1844, marquant ainsi le début de la guerre d’indépendance dominicaine.
• Francisco del Rosario Sánchez (1817-1861) : Avocat et leader politique, il proclame officiellement l’indépendance de la République dominicaine le 27 février 1844 en hissant le drapeau dominicain à la Puerta del Conde, à Saint-Domingue. Après l’exil de Duarte, il devient l’un des principaux dirigeants du mouvement indépendantiste.

Ces trois figures sont honorées comme les « Pères de la Patrie ». Ils reposent aujourd’hui dans l’Altar de la Patria.  Le mausolée se situe dans le Parque de la Independencia à Saint-Domingue, face à la Puerta del Conde située en bout de la Calle El Conde. Les dominicains célèbrent l’indépendance chaque année le 27 février.

Le Manifeste du 16 janvier 1844 : premier pas vers l’indépendance

Les patriotes rédigent Le Manifeste du 16 janvier 1844 avant la fondation de la République Dominicaine.

C’est littéralement l’acte d’indépendance de la Nation Dominicaine, le texte dans lequel la République est fondée et construite.

Le manifeste expose les raisons justifiant la séparation de la République d’Haïti, pointant tous faits et griefs subis lors de l’occupation haïtienne. C’est un premier pas vers l’indépendance de la République dominicaine. 

Proclamation de l’indépendance de la République dominicaine 

Puerta del Conde

Force d’organisation, de diffusion d’idées et de militantisme, les groupes de patriotes se regroupent dans la nuit du 27 février 1844.

Mella tire un coup de tromblon à la Puerta de la Misericordia tandis que Francisco del Rosario Sánchez proclame la République Dominicaine à la Puerta del Conde.

Brodé par Concepción Bona et María Trinidad Sánchez, le drapeau dominicain est hissé à Puerta del Conde.

Le premier président de la République Dominicaine

Les conservateurs dirigent la République Dominicaine à travers un Conseil du gouvernement central jusqu’en 1844.

La même année, Pedro Santana est élu Premier Président de la République Dominicaine.

Les années suivantes, le pays traverse une période d’instabilité marquée par des difficultés économiques, la partisanerie, la tyrannie et des exils politiques.

Les Haïtiens tentent plusieurs invasions de la République Dominicaine entre 1844 et 1856, tandis que Santana et Báez alternent au pouvoir.

En savoir plus sur l’histoire

N’hésitez pas à consulter notre série d’articles qui retracent toute l’histoire de la République dominicaine : 

• Histoire des Taïnos de Quisqueya
• Découverte de l’Amérique et colonisation de l’île Hispaniola
• Hispaniola : du commerce triangulaire aux invasions pirates
• Fin de la colonisation de la Hispaniola
• Histoire de l’indépendance de la République dominicaine
• De l’indépendance à la dictature de la République dominicaine
• Arrivée de Trujillo au pouvoir
• La dictature de Trujillo en République dominicaine
• De la chute de Trujillo à la démocratie en République dominicaine
• De Balaguer à Abinader : 40 ans de politique dominicaine

Les lecteurs qui souhaitent découvrir l’histoire d’une manière moins approfondie trouveront dans cet article l’histoire résumée de la République dominicaine depuis les origines taïnas à aujourd’hui.

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