Chaque année, les dominicains fêtent l’indépendance de la République Dominicaine le 27 février. C’est littéralement le jour de leur fête nationale, leur 14 juillet à eux. Le jour est férié et se célèbre dans tout le pays. Dans cet article, nous vous expliquerons brièvement comment la République Dominicaine s’est libérée de l’occupation haïtienne le 27 février 1844. Mais avant d’arriver au célèbre coup de tromblon donné par Mella à la Puerta de la Misericordia le jour J, nous allons vous expliquer comment Haïti est parvenu à coloniser la partie espagnole de La Hispaniola.
L’occupation Haïtienne avant l’indépendance de la République Dominicaine
Au début, l’île s’appelait Quisqueya
Village Taïnos sur l’île de Quisqueya
Précisons tout de même que bien avant la colonisation des espagnols et plus tard des haïtiens, l’île s’appelait Quisqueya et était peuplée par les Taïnos. Peuple auto-suffisant qui disposait d’une agriculture, d’une économie reposant sur le troc, et de ses propres croyances et rituels. Mais la population autochtone fut décimée en quelques décennies par les conquistadors, les maladies et l’esclavage. La population est alors passée de quelque 200 000 à 300 000 taïnos à 12 000 en 1518.
L’île est baptisée la Hispaniola par Christophe Colomb lors de son débarquement le 5 décembre 1492.
Division de l’île
Carte de la Hispaniola – Library of Congress
L’île est d’abord conquise et occupée pendant 2 siècles par les espagnols. Mais la ruée vers l’or fait des envieux, et l’on est à une époque de conquête de territoires. D’autres puissances et de nombreux pirates s’intéressent à ce morceau de terre. La partie occidentale de l’île est revendiquée par les français en 1697 et devient la Colonie de Saint Domingue (Haïti). Pour anecdote, ce sont les boucaniers (noms donnés aux aventuriers français spécialisés dans la chasse qui font commerce du cuir) qui ont colonisé le territoire occidental. Ils s’étaient d’abord installés sur les petites îles aux large, puis ils se sont progressivement déplacés dans l’intérieur des terres avant de la revendiquer comme leur. La partie orientale, elle, est restée sous le joug espagnol les 200 premières années.
Notez toutefois que c’est toute l’île qui connaît le trafic d’esclaves noirs en provenance d’Afrique avec la naissance du Commerce triangulaire en 1512.
Contexte pré-indépendance
Pour se remettre dans le contexte pré-proclamation de l’indépendance, il faut savoir que la République Dominicaine est passée sous l’occupation espagnole, française, puis de nouveau espagnole, a ensuite connu 2 mois d’indépendance (proclamée par Nuñez) puis est passée sous l’occupation haïtienne. C’est pendant la période que l’on appelle « España Boba » que les haïtiens envahiront la partie orientale de la Hispaniola. A cette époque, soit 20-30 ans avant l’invasion, l’île connaît une économie en berne, une faible défense militaire, et l’Espagne est davantage occupée à conquérir d’autres territoires dans le Caraïbe et à y piller de l’or qu’à surveiller ses acquis sur la Hispaniola. La porte est donc ouverte aux envahisseurs, et les haïtiens profiteront de l’opportunité.
L’invasion et l’occupation haïtienne
C’est le Général de la République d’Haïti, Jean-Pierre Boyer, qui envahit la partie orientale de l’île avec 12 000 hommes le 9 février 1822. Le rêve de Jean-Jacques Dessaline, alors Empereur d’Haïti et considéré comme le Père fondateur d’Haïti, se fait réalité : l’île est une et indivisible. L’île conserve ce statut pendant 22 ans toutefois, elle connaît la récession, la décadence, l’abandon, l’insécurité et des émeutes violentes.
Puis une société secrète du nom de La Trinitaria va tout changer à partir de 1838, grâce notamment à Juan Pablo Duarte.
La Trinitaria : la société secrète à l’origine de l’indépendance de la République Dominicaine
Quelle était la mission de La Trinitaria et qui l’a créée ?
Juan Pablo Duarte
Juan Pablo Duarte fonde à Santo Domingo en 1838 La Trinitaria. Cette société secrète est composée initialement de 9 fondateurs organisés en groupe de trois qui ont pour devise : “Dieu, Patrie et Liberté”.
Quelle est la mission de la Trinitaria ? Propager l’idée de la séparation avec Haïti, et convertir leur état en un état libre et indépendant, la République Dominicaine.
Rôle de la Trinitaria dans l’indépendance de la République Dominicaine
Conscientiser les foules et propager les idées nationalistes
La Trinitaria avec Juan Pablo Duarte au milieu – Wikipédia
La Trinitaria participe activement à la propagation des idées nationalistes. Et suite à la société secrète La Trinitaria, les fondateurs créent La Filantrópica. Cette fois-ci, la société est non secrète. Son rôle ? Conscientiser les foules grâce à des réunions publiques et propager les idées souveraines et nationalistes d’un état libre du joug d’Haïti.
Comment s’est organisée la Trinitaria pour diffuser les idéaux révolutionnaires ?
Après la Filantrópica, les fondateurs organisent La Dramática, où cette fois-ci ils utilisent le théâtre pour diffuser les idéaux révolutionnaires à la population. Et c’est grâce à toute cette organisation, ce travail de fond quotidien politique que les membres de La Dramática ont réveillé l’envie d’indépendance du peuple.
Les pères fondateurs de la patrie
Pères fondateurs de la patrie
Les Pères fondateurs de la patrie sont :
- Francisco del Rosario Sánchez (1817–1861)
- Matías Ramón Mella Castillo (1816–1864)
- Juan Pablo Duarte y Díez (1813-1876)
Les pères fondateurs reposent dans le mausolée Altar de la Patria, dans le Parque de la independencia à Santo Domingo, face à la Puerta del Conde.
Jour de l’indépendance dominicaine : 27 février 1844
L’indépendance s’annonce d’un coup de trabucazo
Puerta del Conde, Santo Domingo
Puis le jour tant attendu arriva. La République Dominicaine se libère de la domination haïtienne le 27 février 1844. Ce jour-là, Mella tire à la Puerta de la Misericordia à Santo Domingo un coup de trabucazo (tromblon). Puis à la Puerta del Conde, la République Dominicaine est proclamée par Francisco del Rosario Sánchez, alors chef du mouvement.
Le drapeau dominicain est hissé pour la première fois à la Puerta del Conde. Celui-ci avait été brodé par Concepción Bona et María Trinidad Sánchez. Les couleurs et motifs avaient été approuvés par la Trinitaria le 16 juillet 1838. A l’instar de l’hymne national et du drapeau dominicain, le jour de l’indépendance dominicaine fait partie de l’orgueil de la nation entière.
En savoir plus sur la culture et l’histoire de République Dominicaine
- Drapeau de la République Dominicaine : histoire et symbolisme
- Hymne national de la République Dominicaine
- Culture de la République Dominicaine
- La dictature de République Dominicaine sous Trujillo
- Les Taïnos et Quisqueya : racines de la République Dominicaine
- Religion de République Dominicaine, croyances et superstitions
- République Dominicaine : toute l’histoire depuis la colonisation
- Histoire de République Dominicaine
