La découverte de l’Amérique et la colonisation de l’île Hispaniola marquent les origines et l’histoire de la République dominicaine. Christophe Colomb, explorateur génois au service de la couronne espagnole, entreprit en 1492 un voyage qui allait bouleverser l’histoire du monde. En quête d’une nouvelle route vers les Indes, il traversa l’Atlantique et atteignit, sans le savoir, un continent jusqu’alors inconnu des Européens. Son arrivée aux Amériques marque le début d’une ère de conquêtes, de colonisation et d’échanges, mais aussi de bouleversements dramatiques pour les peuples autochtones. De son premier débarquement aux Bahamas à l’établissement des premières colonies espagnoles, l’expédition de Colomb amorça une transformation profonde des sociétés des deux côtés de l’océan.
Christophe Colomb découvre l’Amérique en 1492
Christophe Colomb, navigateur génois, est célèbre pour sa découverte de l’Amérique en 1492. Financé par les monarques espagnols Ferdinand et Isabelle, Colomb entreprit une expédition vers l’ouest, convaincu de pouvoir atteindre les Indes par une route maritime inexplorée.
Après un voyage périlleux de plusieurs semaines, il accosta sur une île des Bahamas le 12 octobre 1492, marquant ainsi le début d’une ère de colonisation et d’échanges culturels entre l’Ancien et le Nouveau Monde.
Bien que Colomb n’ait jamais atteint l’Asie comme il l’espérait, ses voyages ont ouvert la voie à l’exploration et à la cartographie des Amériques, transformant profondément l’histoire mondiale.
Les conquistadors dans les Caraïbes
Christophe Colomb arrive en Amérique – Auteur L. Prang & Co., Boston
Christophe Colomb débarque donc dans les Amériques en 1492. Il est accompagné de son équipage et de trois caravelles : la Santa Maria, la Pinta, et la Niña.
Le premier débarquement de la flottaison espagnole a lieu sur l’île de Guanahani le 12 octobre 1492.
L’île est habitée par le peuple Taïno. Elle se situe dans l’archipel des Antilles, actuellement dans les Bahamas (la localisation exacte est encore matière à débat).
Le 28 octobre 1492, Christophe Colomb aborde sur les côtes de Cuba, probablement par la baie de Baracoa. Puis par information des habitants de l’île, le navigateur reprend la mer et débarque sur l’île Quisqueya le 5 décembre 1492. Ile habitée par les Taïnos depuis moins 800 avant Jésus-Christ.
Découverte de l’Amérique : l’avant et l’après pour les autochtones
Pour les peuples qui vivaient dans ce que nous appelons les Amériques, il y a un avant et un après l’arrivée de Christophe Colomb et la Découverte de l’Amérique.
En effet, le 12 octobre 1492 a marqué une nouvelle ère dans le monde. Mais aussi et surtout le début de la fin d’une époque pour les habitants du continent colonisé.
Dès lors que les colons ont posé les pieds sur le Nouveau Continent, les peuples autochtones ont été condamnés à disparaître. Les quelques indigènes survivants ont dû convertir leurs système social, politique, économique et religieux selon les exigences des colonisateurs.
L’île Quisqueya devient la Hispaniola
Christophe Colomb, par Ridolfo Ghirlandaio
Le 5 décembre 1492, Christophe Colomb baptise l’île du nom de La Hispaniola.
Vingt jours plus tard, la Santa Maria se heurte avec la barrière corallienne durant l’exploration de la côte septentrionale le 25 décembre 1492.
L’équipage construit alors avec les restes de l’épave la première forteresse des Amériques, el Fuerte de Navidad, le Fort de la Nativité, dans l’actuel Haïti.
Trente-neuf marins resteront dans le fort, tandis que les deux autres caravelles, La Niña et La Pinta, continueront les explorations.
La première rencontre belliqueuse
Le 15 janvier 1493, soit 37 jours après leur arrivée, a lieu la première rencontre belliqueuse entre les colons et les aborigènes dans l’actuelle baie de Samana.
Mais le lendemain, Christophe Colomb reprend la mer pour l’Espagne. L’intention première étant de revenir avec plus d’hommes afin d’installer une colonie : la première colonie européenne en Amérique.
La conquête espagnole de l’île Hispaniola
Les caravelles de Christophe Colomb – Andrews, E. Benjamin. History of the United States, volume V.
Moins d’un an après son départ et de la bataille dans la baie de Samana, le navigateur revient avec une flotte de 17 navires, 1300 hommes et 14 prêtres.
La flotte débarque sur l’île le 27 novembre 1493, mais il ne reste plus rien. Le Fuerte de Navidad a été détruit. Et ses hommes ont été tués par les Tainos excédés des abus et violences dont ils étaient victimes.
Les représailles de Colomb ne se feront pas attendre. Mais l’objectif premier est de découvrir de l’or pour la couronne espagnole. Il s’ensuivra la construction de la première ville sur la côte nord, La Isabela, à 60 km à l’ouest de la ville de Puerto Plata.
Découverte de l’Amérique : l’esclavage des Taïnos
Les conquistadors réduisent les Taïnos à l’esclavage afin d’extraire de l’or dans le nord de l’île.
Mais ils résistent à cette oppression et luttent pour leur liberté et leur souveraineté. Organisés et guidés par les caciques (chefs de tribu), une résistance farouche s’oppose à la colonisation espagnole.
Colonisation du sud de la Hispaniola
En trois ans, une bonne partie de la population Taïna est massacrée et tuée par les maladies importées par les colons.
Le nord de l’île est ensuite abandonné à cause des épidémies, et parce que les filons d’or ne sont plus aussi rentables.
Les conquistadores se déplacent alors dans le sud. Le frère cadet du navigateur, Bartolomé Colomb, commence alors la construction de la Nueva Isabela en 1496 près de l’embouchure de la rivière Ozama. La ville prendra ensuite le nom de Santo Domingo de Guzmán le 5 août 1498 lorsque le gouverneur Nicolas de Ovando reprend sa construction de l’autre côté de la rive suite à un cyclone dévastateur.
Le renvoi de Christophe Colomb en Espagne
Le désordre constant sur l’île pousse à nouveau le roi espagnol Ferdinando II à intervenir.
En 1500, le juge d’instruction Francisco de Bobadilla arrive et fait arrêter Christophe Colomb et son frère Bartolomé. Bobadilla les renvoie en Espagne, avec pour Christophe Colomb l’interdiction de retourner sur l’île Hispaniola.
Le massacre du peuple Taïno
Nicolás de Ovando y Cáceres
Bien qu’une grande partie de la population Taïna ait été décimée, le gouverneur Nicolas de Ovando est responsable de l’épisode le plus abject de la colonisation des Taïnos en 1503.
Alors qu’il ne reste que deux chefferies (cacicazgos) sur les cinq que comptait l’île, Ovando considère ces dernières comme une menace. Il décide donc de planifier purement et simplement leur élimination.
Le gouverneur commence par la chefferie de Jaragua dans la région de Barahona, dans le sud ouest de l’île. La chefferie est alors dirigée par la reine Anacaona.
Pour accomplir son plan macabre, Ovando et sa troupe réussit à se faire inviter à une célébration qui réunit tous les caciques. Alors que se déroulent les festivités, les 200 soldats espagnols massacrent les Taïnos à un signal convenu : 82 caciques sont tués en l’espace de quelques minutes. Toute la vieille noblesse Taïna de Jaragua est éliminée.
La pendaison de la reine Anacaona
Prisonnière, la reine Anacaona est pendue publiquement sur la place publique de Saint-Domingue. À la même époque, le cacique de la région de Higüey, Cotubanamá, est également fait prisonnier et finit la corde au cou.
Ironie de l’histoire, les bourreaux deviennent des légendes, les opprimés sont oubliés. Une statue de Nicolás de Ovando prône au milieu de la Plaza de España de Saint-Domingue. La statue de Christophe Colomb se dresse au milieu du Parque Colón avec Anacanoa à ses pieds. Un buste de Bartolomé Colomb marque l’entrée de la rue Calle El Conde. María de Toledo, femme de Diego Colomb, a une statue sur la place éponyme.
La loi des Indes ou de Burgos : Fray de Montesinos
Le 21 décembre 1511, Antón de Montesinos prononce un sermon dans une église de Saint-Domingue. Ce dernier dénonce dans son plaidoyer les exactions commises par les Espagnols contre les Taïnos.
Quatre ans plus tard, en 1515, Bartolomé de las Casas voyage depuis l’Espagne sous le titre de « Protecteur des Indiens« . Sa mission : faire appliquer la « Loi des Indes ou Loi de Burgos » approuvée en 1512 suite au discours de Antón de Montesinos.
Histoire de Enriquillo et de sa rébellion
Statue d’Enriquillo – Source Darryl Ricketts 2007
Qui était le cacique Taïno
Enriquillo, connu sous le nom de Guarocuya ou Huarocuya par les Taïnos, faisait partie de la famille royale de Jaragua.
Il était le neveu de Anacaona et le fils de Magiocatex, un cacique tué par les espagnols lors d’une manifestation pacifiste Taïna.
Orphelin, Enriquillo sera confié aux franciscains et converti au christianisme.
Enriquillo sous le système de l’encomienda
Enriquillo travaillait pour la famille Valenzuela sous le système de l’encomienda.
Respecté par son encomendero Francisco de Valenzuela, à la mort de ce dernier, le cacique passe sous l’autorité de son fils. Mais Andrés n’a rien à voir avec son père. Dès lors qu’il obtient le titre de son paternel, Andrés traite Enriquillo tel un esclave. Il violente son épouse Doña Mencía, et dépossède Enriquillo de son destrier. Lequel était la reconnaissance de sa noblesse Taïna.
A la suite de ces mauvais traitements, Enriquillo fait appel aux tribunaux locaux. Mais au lieu d’avoir justice, il est fouetté publiquement pour servir d’exemple aux résistants Taïnos.
Son deuxième appel en justice est ignoré, et il sera même menacé de mort.
Enriquillo se convertit en chef militaire
Face à ces injustices, Enriquillo commence une longue rébellion contre les Espagnols avec un groupe de Taïnos dans les montagnes de Bahoruco.
Grâce à leur connaissance de la région, les Taïnos sortent vainqueurs de toutes les expéditions : assauts, incendies, raids. La rébellion prend même de l’ampleur. et de nombreux Taïnos rejoignent le mouvement. C’est une vraie révolution. Enriquillo se convertit alors en chef militaire et représente l’espoir de vaincre les conquistadors.
Organisation de la résistance Taïna
La résistance taïna dure treize ans, et oblige les Espagnols à mettre fin à la révolte. Ils signent alors un Accord de paix qui octroie aux Taïnos le droit à la liberté et à la propriété en 1532.
Malheureusement, le traité n’a que peu de conséquences immédiates car les Taïnos sont en déclin.
Opprimée par les conquistadors et emportée par les maladies, la population Taïna se réduit comme peau de chagrin.
Le héros Enriquillo lui-même succombera à la tuberculose quelques années après l’édition du traité de paix.
Conséquence sur le peuple de la Découverte de l’Amérique
Avant la Découverte de l’Amérique en 1492, on estime la population de l’île Quisqueya entre 200 000 et 300 000 Taïnos. En 1517, soit 25 ans après l’arrivée des conquistadors, on ne compte pas plus de 12 000 indigènes sur une île rebaptisée la Hispaniola.
En savoir plus sur l’histoire
N’hésitez pas à consulter notre série d’articles qui retracent toute l’histoire de la République dominicaine :
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- Découverte de l’Amérique et colonisation de l’île Hispaniola
- Hispaniola : du commerce triangulaire aux invasions pirates
- Fin de la colonisation de la Hispaniola
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- Arrivée de Trujillo au pouvoir
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- De la chute de Trujillo à la démocratie en République dominicaine
- De Balaguer à Abinader : 40 ans de politique dominicaine
Les lecteurs qui souhaitent découvrir l’histoire d’une manière moins approfondie trouveront dans cet article l’histoire résumée de la République dominicaine depuis les origines taïnas à aujourd’hui.
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