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La dictature de Trujillo en République dominicaine a marqué l’histoire du pays d’une empreinte sanglante. De 1930 à 1961, Rafael Trujillo a imposé un régime autoritaire fondé sur la répression et le culte de sa personnalité. Il a remodelé l’économie, contrôlé la population par la terreur et éliminé ses opposants. Son règne a laissé des cicatrices profondes dans l’histoire de la République dominicaine. Encore aujourd’hui, son héritage divise et suscite le débat.

Un régime tyrannique

La dictature sous Trujillo en République Dominicaine - La propagande - Histoire de la Republica Dominicana dans les Caraïbes

Propagande de Trujillo en 1955, Dominican government

La dictature de Trujillo n’est qu’une succession de violences perpétrées contre tout opposant au régime et au parti : syndicalistes, communistes, journalistes, politiques. Toute opposition doit choisir entre trois options : 

  • Se taire et adhérer au régime.
  • Quitter la République Dominicaine comme exilé ou immigré.
  • Se faire exécuter par les barbouzes du dictateur.  

A l’instar de tout dictateur, Trujillo est fin stratège, et soigne son image et celle de sa politique. Durant la Seconde Guerre mondiale, Trujillo se range du côté des alliés, et accueille même des réfugiés juifs en 1940 à Sosua.

Photo de Mariel et Sébastien

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La croissance économique sous la dictature de Trujillo

Bien que le dictateur accumule et détourne les richesses à son profit sous son mandat, la République Dominicaine connaît une croissance économique considérableLe processus d’industrialisation se développe. Le milieu de la santé progresse, ainsi que l’éducation, les transports, le logement et le régime de retraite.

A noter toutefois que les conditions de travail sont déplorables. Les salaires des ouvriers agricoles sont excessivement bas. Le droit à la paresse n’existe pas, et le régime organise des camps de travail forcé. 

Une répression omniprésente

Le général Trujillo met fin à la gestion de l’administration douanière avec les États-Unis en 1941. Celle-ci avait pour échéance initiale l’année 1956. Il libère la République Dominicaine de sa dette envers les Etats-Unis en 1947. La dette avait été contractée pour financer le programme de travaux publics lorsque la République Dominicaine était sous l’administration américaine. Précisions que le dictateur a contracté un prêt pour rembourser la dette.

Mais l’avancée économique sous la dictature de Trujillo est accompagnée d’une forte répression. Meurtres, disparitions, torture, intimidation : Trujillo utilise toutes les méthodes pour maintenir son oppression contre la population dominicaine. Les intellectuels fuient le pays, à l’instar des syndicalistes comme Mauricio Baez, défenseur des ouvriers de la canne à sucre. 

Le dictateur ne connait pas de limites. Celui qui ne se range pas de son côté est contre lui. Trujillo va jusqu’à coucher avec les femmes de ses ministres pour tester leur soumission. Trujillo étend sa tyrannie jusqu’aux États-Unis. A New York, en 1956, ses fidèles kidnappent et exécutent Jesús Galíndez (opposant), puis Charles Murphy, le pilote qui avait conduit Galindez de New York à la République dominicaine

Un dictateur mégalomane 

Trujillo, le mégalomane narcissiste - Portrait

Rafael L. Trujillo

La mégalomanie de Trujillo est sans égale et le dictateur va jusqu’à renommer la capitale Saint-Domingue en Ciudad Trujillo. Il remplace le nom de Pico Duarte (la plus haute montagne du pays) par Pico Trujillo et attribue son nom à des milliers de places, de rues, de villes et même d’une province. Dans sa folie, il fait construire un nombre considérable de statues à son effigie. Il crée même une radio à ses initiales RLTM.

 En 1934, à la fin de son premier mandat, Trujillo est l’homme le plus riche du pays, et l’un des plus riches du monde dans les années 1950. A la fin de son régime, on estime sa fortune à 800 millions de dollars.

Le massacre de Perejil 

Trujillo est nationaliste, raciste, et mène une politique anti-haïtienne, bien qu’il ait lui-même des racines haïtiennes de par son arrière grand-mère maternelle.

Le massacre de Perejil désigne une épuration ethnique réalisée par l’armée, la police, et des fanatiques dominicains qui ont tué quelque 20 000 Haïtiens en cinq jours.

L’horreur a lieu au nord-ouest de la République Dominicaine, le long de la frontière Dajabon. Certaines sources annoncent non 20 000 mais entre 20 et 40 000 haïtiens qui ont été exécutés à coups de machette.

Lors du massacre, Trujillo va jusqu’à fermer le pont de Dajabon. Le pont étant frontalier avec Haïti, le tyran voulait empêcher les haïtiens de fuir et s’assurer de tous les exterminer. 

Une épuration ethnique contre les haïtiens 

Ce massacre est bien une épuration ethnique. Sa seule motivation est raciale. Pour conduire les exécutions et reconnaître les haïtiens, il est demandé à tout individu suspect de prononcer le mot perejil. Les haïtiens écorchant la « r », dès qu’une personne à la peau foncée ne prononçait pas correctement le mot, elle était exécutée sans autre forme de procès.

Suite à ces évènements sanglants, l’opinion international condamne la République Dominicaine. Mais Trujillo est fin stratège. Il évoque un soulèvement spontané et regrettable de la part des paysans dominicains qui avaient peur pour leur bétail. 

À la suite du massacre de Persil, la République Dominicaine négocie avec le gouvernement haïtien. Le silence et la passivité interrogent de nombreuses critiques. Le gouvernement haïtien négocie alors une compensation de la somme de 750 000 dollars. La somme sera renégociée et réduite à 525 000 dollars, correspondant à 26,25 dollars par haïtien massacré.

Malheureusement, la persécution continuera. Lors de la première moitié de 1938, des milliers d’autres Haïtiens sont déportés et des centaines sont massacrés.

La chute et la fin de la dictature de Trujillo

Le 14 juin 1959, un groupe de 200 exilés dominicains et révolutionnaires cubains débarque en République dominicaine pour renverser Trujillo. L’opération, préparée depuis Cuba, vise à mettre fin à la dictature. Mais l’armée de Trujillo réagit immédiatement. En quelques heures, elle écrase la rébellion. Les soldats traquent les insurgés, les capturent et les exécutent sans pitié. Cette tentative avortée renforce encore la répression du régime.

Les sœurs Mirabal

Les soeurs Mirabal de République Dominicaine - Portrait de Las mariposas - Histoire du pays et de ses régions

Les sœurs Mirabal, Las mariposas

Surnommées “Las Mariposas” (les papillons), les sœurs Mirabal naissent dans la province de Salcedo. Province qui porte aujourd’hui leur nom en hommage à leur combat contre Trujillo. Issues d’une famille respectable, les sœurs Mirabal suivent des études distinctes : Minerva en droit, Patria en dactylographie et María Teresa en mathématiques. Très vite, elles s’engagent activement dans la lutte contre la dictature. De plus, elles épousent de jeunes hommes également impliqués dans la cause politique. Cependant, leur engagement dérange le régime. 

Harcèlement de Minerva et de la famille Mirabal

En 1949, la famille Mirabal assiste à une réception en l’honneur de Trujillo. Ce soir-là, le dictateur tombe sous le charme de Minerva et tente de la séduire. Refusant ses avances, Minerva lui demande en retour l’arrêt du harcèlement judiciaire contre Pericles Franco, fondateur du Parti Socialiste Populaire et ami proche.

Blessé dans son orgueil, Trujillo se venge en persécutant la famille Mirabal. Il fait emprisonner le père, puis Minerva et plusieurs de ses amies. Ces dernières restent enfermées quelques semaines avant d’être libérées.

Las Mariposas et la lutte politique

En 1955, Minerva se marie avec Manolo Tavares, étudiant en droit opposé au régime. Il devient par la suite le président d’un mouvement contre la dictature appelé Agrupacion 14 de junio. Le nom avait été donné en l’honneur d’une expédition armée provenant de Cuba ce jour-ci.

Membres actives du mouvement, Minerva, Patria et Maria Teresa s’organisent contre le régime, ainsi que leurs époux respectifs. 

Mais Trujillo ne tarde pas à emprisonner les fondateurs, et à torturer les militants dont certains sont issus de familles riches et d’intellectuels. La pression sociale ne se fait pas attendre. Trujillo libère de nombreux prisonniers sous la contrainte. Cependant, Manolo Tavares ainsi que d’autres membres du mouvement et les époux des sœurs Mirabal restent derrière les barreaux. 

L’assassinat des sœurs Mirabals

Le 25 novembre 1960, les trois sœurs Mirabal quittent la prison après avoir rendu visite à leurs maris. En chemin, des barbouzes de Trujillo les interceptent, les rouent de coups, les étranglent et les exécutent avec une brutalité inouïe. Pour maquiller le crime en accident, la milice du dictateur jette leurs corps dans un ravin. Leur chauffeur, Rufina de la Cruz, subit le même sort.

Leur assassinat bouleverse la nation entière. Minerva, Patria et María Teresa incarnaient la résistance contre la dictature de Trujillo. Militantes engagées et mères respectées, elles représentaient un espoir. Minerva avait 34 ans, Patria 36 et María Teresa seulement 25.

Le 25 novembre, jour de la découverte de leurs corps, marque un tournant. En 1999, l’ONU institue cette date comme la « Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes » en hommage à leur combat.

Fin de la dictature de Trujillo 

Suite à l’assassinat des sœurs Mirabals, l’opposition politique s’active comme jamais contre la dictature de Trujillo.

Cet assassinat est l’assassinat de trop.

D’autre part, le dictateur devient un embarras pour les Etats-Unis. Sa dictature pourrait conduire à une révolution communiste comme ce fut le cas à Cuba. C’est ainsi que lorsque J.F. Kennedy arrive au pouvoir le 20 janvier 1961, la CIA projette d’écarter Trujillo du gouvernement.

Le 15 avril 1961, Kennedy envoie le diplomate Murphy en République Dominicaine s’entretenir avec le dictateur pour le convaincre de se retirer pacifiquement (c’esr le 4ème émissaire envoyé). Mais Trujillo reste sur ses positions.

La mort de Trujillo

Salvador Estrella Sadhalá , Antonio de la Maza , Amado García Guerrero (qui appartient à la garde présidentielle), Juan Tomás Díaz, Roberto Pastoriza, Antonio Imbert Barrera , Pedro Livio Cedeño et Huáscar Tejeda. Luis Amiama Tió et Manuel Cáceres Tunti - Histoire de la Republica Dominicana

Les présumés coupables de l’assassinat de Trujillo

Le 30 mai 1961, à 21h45, Trujillo tombe sous une pluie de balles. Au kilomètre 9, sur la route entre Santo Domingo et San Cristóbal, un groupe d’opposants tend une embuscade à sa voiture. Les mitrailleuses crépitent, et le véhicule encaisse plus de 60 impacts. Trujillo succombe sur le coup, mais son chauffeur, Zacarías de la Cruz, survit.

Un groupe de civils et de militaires décidés à mettre fin à la dictature mène l’attaque. Modesto Díaz, 60 ans, est le plus âgé. À ses côtés, Salvador Estrella Sadhalá, Antonio de la Maza, Amado García Guerrero (membre de la garde présidentielle), Juan Tomás Díaz, Roberto Pastoriza, Antonio Imbert Barrera, Pedro Livio Cedeño et Huáscar Tejeda participent à l’exécution. Luis Amiama Tió et Manuel Cáceres Tunti, 20 ans à peine, font aussi partie du complot, mais ne sont pas présents la nuit de l’assassinat

La traques des responsables de l’assassinat

Museo Nacional de Historia y Geografía à Saint-Domingue

Voiture qui servit aux assaillants de Trujillo – Museo Nacional de Historia y Geografía à Saint-Domingue

Leur persécution ne se fait pas attendre. L’armée interroge Zacarías de la Cruz à son arrivée à l’hôpital. Plus tard dans la nuit, on retrouve une arme sur les lieux du meurtre. Il s’agit d’un calibre 45 mm appartenant à Juan Tomás Díaz, et un véhicule abandonné : une Mercury dont le propriétaire est Salvador Estrella Sadhalá.  Pedro Livio Cedeño qui blessé lors de l’attentat contre Trujillo reçoit des soins à l’hôpital suivi d’un interrogatoire par le service de renseignement militaire.

Dans le même temps, l’armée déploie de lourds moyens dans Santo Domingo. Les militaires remontent jusqu’aux conspirateurs et ordonnent leur recherche et arrestation.

Tous les membres de l’assaut seront retrouvés. Certains meurent en combattant, d’autres sont emprisonnés et torturés. Et toutes les personnes qui de près ou de loin ont un lien avec l’un des conspirateurs sont arrêtées, emprisonnées, torturées et tuées. Les seuls qui ne seront pas tués sont Antonio Imbert Barrera et Luis Amiama Tió.

Les enquêteurs retournent au domicile de Juan Tomás Díaz, révisent le garage, et retrouvent le corps de Trujillo dans un véhicule propriété de Antonio de la Maza.

Un tournant décisif dans l’histoire de la République dominicaine

L’assassinat de Trujillo marque un tournant décisif dans l’histoire de la République dominicaine. Après des années de terreur, la fin du dictateur offre un espoir de libération pour le peuple. Cependant, l’héritage de sa dictature laisse des cicatrices profondes et une transition politique complexe. Si l’assassinat des sœurs Mirabal et la résistance populaire incarnent la lutte contre l’oppression, la chute de Trujillo rappelle que le combat pour la démocratie et la justice doit se poursuivre.

La République dominicaine, bien que marquée par cette période sombre, se tourne progressivement vers un avenir plus libre.

En savoir plus sur l’histoire

N’hésitez pas à consulter notre série d’articles qui retracent toute l’histoire de la République dominicaine : 

Les lecteurs qui souhaitent découvrir l’histoire d’une manière moins approfondie trouveront dans cet article l’histoire résumée de la République dominicaine depuis les origines taïnas à aujourd’hui.

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Nous sommes Mariel et Sébastien, un couple franco-dominicain amoureux de la République dominicaine. Sa culture, son histoire, sa gastronomie, ses paysages, son art de vivre… on adore ! Et en tant que locaux, nous souhaitons vous partager notre expérience, vous offrir des conseils authentiques et vous proposer toutes les informations nécessaires pour préparer votre séjour en République dominicaine.

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