Les sœurs Mirabal sont un authentique symbole pour la République dominicaine. Célèbres pour leur engagement politique contre le régime de Trujillo, elles sont assassinées sauvagement en 1960 par les hommes du dictateur. Leur assassinat provoque une indignation dans toute la République Dominicaine, et annonce la chute de la dictature.
Les sœurs Mirabal : une lutte acharnée contre Trujillo
Les sœurs Mirabal, surnommées “las mariposas”, naissent à Ojo de Agua, un petit village situé dans la province de Salcedo en République Dominicaine. Filles de Mercedes Reyes Camilo et du propriétaire terrien Enrique Mirabal, Patria, Minerva et María Teresa sont assassinées sous le régime de Trujillo. Seule Bélgica Adela survit à ses sœurs car absente le jour de l’assassinat.
Véritables symboles de résistance, les sœurs Mirabal ont montré dès leur jeune âge une intelligence remarquable. Minerva, la plus brillante, se distinguait par son esprit vif, sa passion pour les arts et son charisme.
Le saviez-vous ? Bogotá 1981, la première rencontre féministe latino-américaine et des Caraïbes décide d’instaurer le 25 novembre comme Journée Internationale de l’Élimination de la Violence à l’Égard des Femmes en hommage aux sœurs Mirabal.
Le début du harcèlement de Minerva Mirabal par Trujillo
En 1949, le destin des Mirabal bascule lorsque le régime les invite à une réception en l’honneur du dictateur Rafael Leonidas Trujillo. Lors de l’évènement, Minerva attire l’attention du général despote. Charmé par sa beauté, Trujillo tente de la courtiser, sans succès. Malgré ses refus répétés, Minerva ne se contente pas de rejeter les avances du dictateur. Elle demande également l’arrêt du harcèlement judiciaire auprès de son ami Pericles Franco, cofondateur du Parti Socialiste Populaire.
La persécution de la famille Mirabal
Face à l’insoumission de Minerva, Trujillo intensifie sa répression contre la famille Mirabal. Il ordonne l’arrestation de son père, suivie de celle de Minerva et de ses amies. Bien qu’on libère Minerva et ses amies après quelques semaines, le père, Enrique Mirabal, est emprisonné à plusieurs reprises avant de succomber à une maladie en 1953.
La montée de l’opposition : Las Mariposas
En 1955, Minerva épouse Manolo Tavares, un fervent opposant au régime. Inspirées par les révoltes en Amérique Latine, notamment à Cuba, des militants fondent un mouvement d’opposition en République Dominicaine, l’Agrupación 14 de junio. Minerva, Patria et María Teresa, surnommées Las Mariposas, jouent un rôle central dans cette lutte contre Trujillo. Elles deviennent de vraies militantes politiques au sein de l’opposition contre la dictature.
Répression sanglante et assassinat des sœurs Mirabal
Mais le régime répressif de Trujillo ne tarde pas à réagir. Il arrête et torture les membres de l’Agrupación 14 de junio, et plusieurs d’entre eux perdent la vie. La pression sociale force le gouvernement à libérer de nombreux prisonniers, mais la surveillance policière demeure. Manolo Tavares et d’autres militants restent incarcérés.
Le 25 novembre 1960, Minerva, María Teresa et Patria, après avoir rendu visite à leurs maris emprisonnés, sont interceptées par des agents de Trujillo. Les barbouzes trujillistes assassinent brutalement les sœurs Mirabal. Pour faire passer leur mort pour un accident, les barbouzes du dictateur jettent leurs corps dans un ravin. Leur chauffeur, Rufina de la Cruz, perd également la vie.
L’assassinat de trop qui change l’histoire
Le meurtre des sœurs Mirabal choque profondément la société dominicaine. Les sœurs Mirabal étaient des militantes politiques appréciées de tous. Minerva avait 34 ans, Patria 36 ans, et Maria Teresa 25 ans.
Plutôt que d’étouffer la révolte, ce crime atroce renforce l’opposition au régime. Cet assassinat est l’assassinat de trop. Par ailleurs, Trujillo devient une menace pour les États-Unis. Ces derniers craignent qu’une révolution communiste, similaire à celle de Cuba, éclate en République Dominicaine. Le 20 janvier 1961, avec l’arrivée de J.F. Kennedy au pouvoir, la CIA commence à planifier l’éviction de Trujillo.
Le 15 avril 1961, Kennedy envoie le diplomate Murphy pour négocier une retraite pacifique du dictateur, mais ce dernier refuse de céder. Finalement, le 30 mai 1961, à 21h45, sur la route de Santo Domingo à San Cristóbal, Trujillo tombe dans une embuscade. Sa voiture est criblée de balles, plus de 60 impacts. Trujillo succombe.
Pourquoi les sœurs Mirabal étaient surnommées Las mariposas ?
Certaines sources désignent que le pseudonyme « mariposa » était utilisé par les femmes militantes emprisonnées sous la dictature pour communiquer d’une cellule à l’autre. Tomasina Cabral, Dulce Tejada, Asela Morel, Fe Violeta Ortega et Miriam Morales, étaient connues sous le nom des « Mariposas de la 40 ». Ces femmes s’envoyaient des télégrammes en utilisant l’expression « Message pour la mariposa » afin que les gardiens de prison ne se rendent compte de rien.
D’autres versions rapportent que “mariposa” était le pseudonyme que Minerva utilisait dans ses relations politiques. Quelle qu’en soit l’origine, nous retiendrons que le pseudonyme Las mariposas désigne des femmes courageuses empreintes de justice et de liberté.
Pour leur rendre hommage, les autorités de république Dominicaine ont rebaptisé leur province natale en Hermanas Mirabal.
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