Mise à jour le
Véritable symbole de résistance, les sœurs Mirabal ont marqué l’histoire de République dominicaine. Ferventes opposantes politiques et militantes contre la dictature de Rafael Leonidas Trujillo, celles que l’on surnomme Las Mariposas furent violemment assassinées par les hommes du dictateur le 25 novembre 1960. Leur assassinat provoqua une vague d’indignation reconnue jusqu’à l’international, et renforça l’opposition au régime. En hommage à leur lutte et leur engagement politique, la première rencontre féministe latino-américaine déclare en 1981 le 25 novembre comme Journée contre les violences faites aux femmes. L’Organisation des Nations Unis l’instaureront à leur tour le 25 novembre 1999.
Les Sœurs Mirabal : des héroïnes de la Résistance Dominicaine

Les sœurs Mirabal : Patria, Minerva et Maria Teresa
Les sœurs Mirabal sont nées à Ojo de Agua, dans un village de la province de Salcedo en République dominicaine. Filles de Mercedes Reyes Camilo et Enrique Mirabal Fernández, elles grandissent et poursuivent leurs études sous le régime autoritaire de Trujillo (1930-1961).
Engagées, Patria, Minerva et Maria Teresa s’impliquent très jeunes dans la vie politique. Seule Bélgica Adela, quatrième sœur, fut épargnée car non présente lorsque l’assassinat fut perpétué.
Le harcèlement de Minerva par Trujillo
En 1949, le destin des Mirabal bascule lorsque le régime les invite à une réception en l’honneur du dictateur Rafael Leonidas Trujillo. Lors de l’évènement, Minerva attire l’attention du général despote. Charmé par sa beauté, Trujillo tente de la courtiser, sans succès. Malgré ses refus répétés, Minerva ne se contente pas de rejeter les avances du dictateur. Elle demande également l’arrêt du harcèlement judiciaire auprès de son ami Pericles Franco, cofondateur du Parti Socialiste Populaire.
La persécution de la famille Mirabal
Face à l’insoumission de Minerva, Trujillo intensifie sa répression contre la famille Mirabal. Il ordonne l’arrestation de son père, suivie de celle de Minerva et de ses amies. Bien qu’on libère Minerva et ses amies après quelques semaines, le père, Enrique Mirabal, est emprisonné à plusieurs reprises avant de succomber à une maladie en 1953.
La montée de l’opposition : Las Mariposas
En 1955, Minerva épouse Manolo Tavárez, un fervent opposant au régime. Inspirés par les révoltes en Amérique Latine dont Cuba, des militants fondent un mouvement d’opposition : l’Agrupación 14 de junio. Manolo Tavárez en est le premier président, et les sœurs Mirabal y jouent un rôle clé dans la dissidence. Elles deviendront de vraies opposantes politiques.
Répression sanglante et assassinat des Sœurs Mirabal
Mais le régime répressif du dictateur ne tarde pas à réagir. Trujillo arrête et torture les membres de l’Agrupación 14 de junio, et plusieurs d’entre eux perdent la vie. La pression sociale force le gouvernement à libérer de nombreux prisonniers, mais la surveillance policière demeure. Manolo Tavárez et d’autres militants restent incarcérés.
Un assassinat brutal maquillé en accident
Le 25 novembre 1960, Minerva, María Teresa et Patria visitent leurs époux emprisonnés. A leur retour, les agents de Trujillo les interceptent et les assassinent sauvagement. Ils jetteront ensuite leurs corps dans un ravin pour tenter de maquiller l’assassinat en accident. Leur chauffeur, Rufina de la Cruz, perd également la vie. Minerva avait 34 ans, Patria 36 ans, et Maria Teresa 25 ans.
Un tournant dans l’histoire dominicaine
Le meurtre de Las Mariposas provoque une vague d’indignation dans tout le pays et à l’international. Plutôt que d’étouffer la révolte, l’assassinat des sœurs Mirabal renforce l’opposition au régime. Si bien que la dictature de Trujillo devient une menace pour les États-Unis qui craignent une révolution communiste.
Les États-Unis tentent d’écarter Trujillo
Le 20 janvier 1961, J.F. Kennedy arrive au pouvoir et planifie en collaboration avec la CIA l’éviction de Trujillo. Le 15 avril de la même année, le Président JFK mandate le diplomate Murphy pour négocier une retraite pacifique du dictateur. Mais Trujillo refuse la proposition des Etats-Unis et souhaite conserver le pouvoir.
Assassinat du dictateur

Museo Nacional de Historia y Geografía à Saint-Domingue
Un mois et demi après la visite du diplomate américain, Trujillo tombe dans une embuscade sur la route de Saint-Domingue à San Cristóbal. Le 30 mai 1961 à 21h45, un groupe armé lance l’attaque contre la voiture du dictateur. Les échanges de tirs laisseront plus de 60 impacts et Trujillo pour mort.
Commence alors une nouvelle ère pour la République dominicaine.
L’héritage des sœurs Mirabal
Pourquoi « Las Mariposas » ?
Le surnom « Mariposa » a plusieurs origines possibles :
- Certaines sources affirment que les femmes militantes emprisonnées sous la dictature utilisaient le surnom « Mariposa » pour communiquer discrètement entre les cellules. Tomasina Cabral, Dulce Tejada, Asela Morel, Fe Violeta Ortega et Miriam Morales étaient connues sous le nom des « Mariposas de la 40 ». Les prisonnières s’envoyaient des messages en utilisant l’expression « Message pour la Mariposa » afin de tromper la vigilance des gardiens.
- D’autres sources affirment que « Mariposa » était simplement le pseudonyme personnel de Minerva dans ses activités politiques.
Hommages aux sœurs Mirabal

Hommage aux sœurs Mirabal sur les billets de 200 pesos
- En 1981, la première Rencontre féministe latino-américaine décrète le 25 novembre comme Journée contre les violences faites aux femmes.
- En 1999, l’ONU officialise cette date.
- La province natale des sœurs Mirabal est rebaptisée « Hermanas Mirabal« .
- Les billets de 200 pesos portent leur effigie.
Les sœurs Mirabal restent un symbole de courage et de résistance face à l’oppression dans le monde entier.