L’histoire de la République Dominicaine ne se résume pas qu’aux vieilles pierres de la zone coloniale de Saint-Domingue. L’île Quisqueya a été découverte par Christophe Colomb en 1492, puis rebaptisée en La Hispaniola. Ses terres fertiles, les richesses de son sous-sol et sa géographie en ont fait le premier pays colonisé par les Conquistadors espagnols. Esclavage des Taïnos, pirates, occupation Haïtienne, indépendance, dictature de Trujillo… l’histoire de la République Dominicaine est tumultueuse mais a toujours été ponctuée de révoltes empreintes de liberté.
Origine de la République Dominicaine : l’île Quisqueya et les Taïnos
Comme vous le constaterez dans ce paragraphe, l’île n’avait rien de vierge, bien au contraire. Elle était une terre pleine de vie et de culture. L’île de Quisqueya était peuplée par les Taïnos, un peuple organisé en communauté, auto-suffisant, avec une organisation sociale établie, une économie et des croyances propres.
Les Taïnos : les premiers habitants des Caraïbes
Les Taïnos sont un peuple indigène qui appartient au groupe des Arawaks du nord de l’Amérique du Sud, de l’embouchure de l’Orénoque, dans l’actuel Venezuela et de la Guyane. Les Taïnos sont les premiers habitants des Caraïbes. Ils y sont arrivés vers 800 avant Jésus-Christ. Le terme “Taïno” signifie “bon” ou “noble”.
La population des Taïnos sur Quisqueya avant l’arrivée des Espagnols est estimée entre 200 000 et 300 000.
Les villages Taïnos : le Yucayeque
Les Tainos vivent en communauté dans un village ou hameau appelé Yucayeque, nom venant de yucca, aliment principal des habitants. Les communautés Taïnas s’installent à proximité de l’eau (rivières, lacs). Leur village s’organise autour de la place centrale appelée le Batey. Les Taïnos y célèbrent leurs cérémonies appelées “Areitos”, leurs danses, leurs fêtes et leurs jeux. Le Batey est généralement construit avec des pierres ornées de dessins enfoncées dans le sol.
Les bohios : les maisons des Taïnos
Autour du Batey se trouvent les bohíos, maisons Taïnas de forme ronde construites avec des palmiers et des cannes de roseaux. La maison du Cacique (chef de tribu) est construite des mêmes matériaux, mais est de forme carrée et s’appelait Caney.
La zone agricole du Yucayeque est connue sous le nom Conuco.
Organisation sociale dans la culture Taïna
Le cacique
Le cacique est le plus haut chef de la tribu. Respecté de tous, il est polygame et parmi ses fonctions, le Cacique doit protéger sa chefferie en cas de guerre.
Les nitainos
Les nitainos appartiennent à la classe noble. Parents de la famille des chefs, ils sont guerriers et artisans et ont l’ascendant sur les naborías.
Les bohiques
Les bohiques sont des prêtres et enseignent aux plus jeunes en transmettant les croyances religieuses. Ils sont aussi guérisseurs.
Les naborías
Les naborías constituent la classe la plus basse de la communauté. Elle est composée des villageois chasseurs-cueilleurs, des pêcheurs, des paysans. Ils sont chargés des travaux les plus durs.
Economie et agriculture Taïna
Les Taïnos cultivent de nombreux aliments, mais principalement les tubercules dont le plus important est le manioc duquel ils obtiennent un pain appelé casabe. Base de l’alimentation Taïna. Ils cultivent également des fruits, des patates douces, du maïs, des cacahuètes, des piments, des yautías, des lerenes…
Les denrées alimentaires et les produits issus de l’artisanat tels que la poterie, la vannerie, les textiles et la sculpture sur pierre ou sur bois, sont échangés par le biais du troc.
Les Taïnos ne disposent d’aucune connaissance en matière de domestication animale ou d’élevage.
L’art Taïno
L’art Taïno reflète leur vision magico-religieuse du monde. Il est présent dans des objets domestiques, personnels et cérémoniels tels des colliers, des amulettes, des récipients, des haches, mais aussi dans des dessins et pétroglyphes. Ces derniers sont des dessins symboliques gravés dans la roche, représentant généralement le monde spirituel Taïno. On peut en observer pas très loin de Santo Domingo, dans la célèbre Grotte des merveilles, la Cueva de las Maravillas, située entre San Pedro de Macoris et La Romana.
Religions et croyances des Taïnos
Les Taïnos croient en un Être suprême et protecteur qu’ils appellent Yúcahu Bagua Maócoti. Ils croient également en d’autres divinités (appelées Cemíes) qui habitent le ciel (Turey) et qui les mettent en relation avec les phénomènes atmosphériques, la création de la Terre et de l’espèce humaine.
Les récits mythologique Taïnos
Parmi les récits mythologiques les plus importants de la culture Taïna, on trouve celui de la création du soleil et de la lune. Les astres seraient sortis d’une grotte appelée Mautiatihuel, dans laquelle vivaient Boínayel et Márohu, deux cemíes en pierre, considérés comme des dieux protecteurs que l’on invoquait lorsque manquait la pluie.
Les Tainos croient qu’après leur mort, ils se rendent dans un lieu sacré nommé Coaybay. Et que leurs esprits (opías), alors enfermés pendant la journée, s’échappent allègrement la nuit pour manger le fruit du goyavier (Psidium guajava).
Sur le plan religieux, les Taïnos sont polythéistes, animistes, fétichistes et totémistes. Ils croient en l’au-delà et leurs croyances se retrouvent dans leur production artisanale et le graphisme pictural.
Le rituel Taïno de la Cohoba
La principale cérémonie religieuse des Taïnos est la Cohoba. Le cacique (chef de tribu) ou le bohique (prêtre) inhale des poudres hallucinogènes et entre dans un état de transe pour communiquer avec les Dieux ou les esprits qu’il invoque pour obtenir aide et protection.
Les Taïnos qui participent à la Cohoba se décorent le corps pour l’occasion. La cérémonie a lieu dans une salle où le cacique accueille ses hôtes en jouant du mayohabao (tambour de bois). Les Taïnos s’accroupissent alors autour du cemí devant lequel se déroule ensuite le rituel.
Découverte de l’Amérique et de la République Dominicaine
Avant tout, soyons objectifs dans l’interprétation de l’Histoire et n’oublions pas que seuls les vainqueurs l’écrivent et en leur faveur.
Le terme “découverte des Amériques” est erroné car empreint d’un romantisme bourgeois hypocrite qui occulte la conquête sauvage et sanguinaire des colons avides de cupidité. D’une, on ne découvre pas une terre habitée. Deux, si un peuple autochtone vit en société sur une terre délimitée par des frontières naturelles ou humaines, c’est qu’elle est sienne et qu’elle constitue son territoire, son pays. Trois, si un pays tiers s’approprie les terres et les richesses d’un autre, le convertit à ses us et coutumes, c’est une invasion, une colonisation, et l’on parle de pillage et d’annexion de territoire. Toute autre interprétation est fictive.
Christophe Colomb découvre les Amériques en 1492
Christophe Colomb ne découvre pas les Amériques. Il débarque, lui, son équipage et ses trois caravelles, la Santa Maria, la Pinta, et la Niña, sur des terres habitées par des peuples organisés en société.
Les conquistadors dans les Caraïbes
Le premier débarquement de la flottaison espagnole a lieu sur l’île de Guanahani le 12 octobre 1492. L’île est alors habitée par le peuple Taïno, et se situe dans l’archipel des Antilles, plus précisément dans les Bahamas actuels (localisation exacte encore matière à débat). Le 28 octobre 1492, Christophe Colomb aborde sur les côtes de Cuba, probablement par la baie de Baracoa. Puis par information des habitants de l’île, le navigateur reprend la mer et débarque sur l’île Quisqueya le 5 décembre 1492, habitée comme nous l’avons vu par les Taïnos.
Avant et après Christophe Colomb
Pour les peuples qui vivaient dans ce que nous appelons les Amériques, il y a un avant et un après l’arrivée de Christophe Colomb. Le 12 octobre 1492 a marqué une nouvelle ère dans le monde, mais aussi et surtout le début de la fin d’une époque pour les habitants du continent colonisé.
Dès lors que les colons ont posé les pieds sur le continent, les peuples ont été condamnés à disparaître et les survivants à convertir leurs systèmes social, politique, économique, et religieux selon les exigences des colonisateurs.
Quisqueya est rebaptisée Hispaniola par Colomb
Le 5 décembre 1492, Christophe Colomb baptise l’île du nom de La Hispaniola. Le 25 décembre, durant une exploration de la côte septentrionale, la Santa Maria se heurte avec la barrière corallienne. Il construit alors avec les restes de l’épave et avec ses hommes la première forteresse en Amérique, el Fuerte de Navidad (le Fort de la Nativité). 39 marins y resteront, et les deux autres caravelles continueront les explorations.
La première rencontre belliqueuse entre espagnols et Taïnos
Le 15 janvier 1493, soit 37 jours après leur arrivée, a lieu la première rencontre belliqueuse entre les colons et les aborigènes dans l’actuelle baie de Samana. Le lendemain, Christophe Colomb reprend la mer pour l’Espagne, avec la ferme intention de revenir coloniser l’île.
La conquête ou colonisation espagnole de la Hispaniola
Moins d’un an après son départ et de la bataille dans la baie de Samana, le navigateur Colomb revient avec une flotte de 17 navires, 1300 hommes et 14 prêtres. Le 27 novembre 1493, il débarque sur l’île avec sa flotte et découvre le Fuerte de Navidad détruit et ses hommes morts, tués par les Tainos excédés des abus et violences orchestrés par les espagnols.
Les représailles de Colomb ne se font pas attendre. Mais il ne perd pas de vue son objectif premier qui est de découvrir de l’or pour la couronne espagnole. S’en suivra la construction de la première ville sur la côte nord, La Isabela (actuel Puerto Plata) et le début de la fin des Taïnos.
L’esclavage des Taïnos
Colomb et ses hommes réduisent les Taïnos à l’esclavage afin d’extraire de l’or dans le nord de l’île. Mais les indigènes résistent à cette oppression, luttant pour leur liberté et leur souveraineté. Et organisés et guidés par de nombreux caciques (chefs de tribu) comme Enriquillo ou Caonabo, une résistance farouche s’oppose à la colonisation espagnole.
Le déplacement des conquistadors vers le sud de la Hispaniola
En 3 ans, une bonne partie de la population Taïna a été massacrée et tuée par les maladies. Le nord de l’île est ensuite abandonné à cause des épidémies (maladies importées par les espagnols) et parce que les filons d’or ne sont plus aussi rentables. Les conquistadores se déplacent alors dans le sud, où le frère cadet du navigateur, Bartolomé Colomb, commence la construction de la Nueva Isabela en 1496. Ville qui prendra ensuite le nom de Santo Domingo de Guzmán le 5 août 1498.
Le renvoi de Christophe Colomb en Espagne
Le désordre constant sur l’île pousse à nouveau le roi espagnol Ferdinando II à intervenir. En 1500, le juge d’instruction Francisco de Bobadilla arrive et fait arrêter Christophe Colomb (alors gouverneur) et son frère Bartolomé. Il les renvoie en Espagne, avec interdiction de retourner sur l’île pour Christophe Colomb.
Le massacre du peuple Taïno
En 1503, le gouverneur Ovando est responsable de l’épisode le plus abject de la colonisation des Taïnos. Alors qu’il ne reste que deux chefferies (cacicazgos) sur les cinq que comptait l’île, Ovando considère ces dernières comme une menace. Il décide donc de planifier purement et simplement leur élimination.
Le massacre des caciques Taïnos par Ovando
Il commence par la chefferie de Jaragua (région de Barahona, dans le sud ouest de l’île), dirigée par la belle et noble reine Anacaona. Pour accomplir son plan macabre, il se fait inviter à une fête avec tous les caciques. Puis durant la célébration, à un signal convenu, 200 soldats espagnols massacrent les Taïnos. 82 caciques sont tués en l’espace de quelques minutes. Toute la vieille noblesse de Jaragua est éliminée.
La pendaison de la reine Anacaona
La reine Anacaona, fait prisonnière, est pendue publiquement sur la place de Saint-Domingue. À la même époque, le cacique de la région de Higüey, Cotubanamá, est fait prisonnier et finit la corde au cou.
Ironie de l’histoire… les bourreaux et les colons deviennent des légendes, les victimes et les opprimés tombent dans l’oubli. Vous trouverez dans la zone coloniale un hôtel au nom de Nicolás de Ovando. La statue de Colomb prône au milieu du parque Colón, celle de son fils Bartolomé marque l’entrée de la rue El Conde. María de Toledo, femme de Diego Colomb, a elle une statue et une place à son nom… Vous ne verrez en revanche aucune statue de Anacaona ni de Enriquillo dans le centre historique.
La loi des Indes ou de Burgos
Le philanthrope Fray de Montesinos
Le 21 décembre 1511, Antón de Montesinos prononce un sermon dans l’église de Santo-Domingo dénonçant les exactions commises par les Espagnols contre les Taïnos. Quatre ans plus tard, en 1515, Bartolomé de las Casas voyage depuis l’Espagne sous le titre de « Protecteur des Indiens« . Sa mission : faire appliquer la « Loi des Indes ou Loi de Burgos » approuvée en 1512 suite au discours de Antón de Montesinos.
La rébellion d’Enriquillo
Enriquillo, connu sous le nom de Guarocuya ou Huarocuya par les indigènes, faisait partie de la famille royale de Jaragua. Sa tante était ni plus ni moins que Anacaona, reine de Jaragua (morte pendue sur les ordre de Nicolas de Ovando), et son père Magiocatex, un prince héritier (mort par les espagnols lors d’une manifestation pacifiste Taïna). Dès lors orphelin, il est confié jeune aux franciscains et converti au christianisme.
Enriquillo sous le système de l’encomienda
A l’époque, Enriquillo travaillait pour la famille Valenzuela sous le système de l’encomienda. Respecté par son encomendero Francisco de Valenzuela, à la mort de ce dernier, il passe sous l’autorité de son fils. Mais Andrés n’a rien à voir avec son père. Dès lors qu’il est encomendero, Andrés traite Enriquillo tel un esclave, violente son épouse Doña Mencía, et le dépossède de son destrier. Lequel était la reconnaissance de sa noblesse Taïna. A la suite de ces traitements, Enriquillo fait appel aux tribunaux locaux mais au lieu d’avoir justice, il est fouetté publiquement pour servir d’exemple aux Taïnos. Son deuxième appel en justice sera ignoré, et il sera même menacé de mort.
Le Taïno Enriquillo se convertit en chef militaire
Face à ces injustices, Enriquillo commence une longue rébellion contre les Espagnols avec un groupe de Taïnos dans les montagnes de Bahoruco. Grâce à leur connaissance de la région, les Taïnos sortent vainqueurs de toutes les expéditions : assauts, incendies, raids. La rébellion prenant de l’ampleur, de nombreux Taïnos la rejoignent. C’est une vraie révolution. Et Enriquillo se convertit en véritable chef militaire, en grand capitaine capable de vaincre les conquistadors.
Treize années de résistance
La résistance dure 13 ans, et oblige les Espagnols à mettre fin à la révolte. Ils signent alors un accord de paix qui octroie aux Taïnos le droit à la liberté et à la propriété en 1532. Malheureusement, le traité n’a que peu de conséquences immédiates car les Taïnos sont en déclin. Opprimée par les conquistadors et emportée par les maladies, la population Taïna se réduit comme peau de chagrin. Le héros Enriquillo lui-même succombe à la tuberculose quelques années après l’édition du traité de paix.
Avant l’arrivée de Christophe Colomb en 1492, on estime la population de la Quisqueya entre 200 000 et 300 000 Taïnos. En 1517, soit 25 ans après l’arrivée des conquistadors, on ne compte pas plus de 12 000 indigènes sur une île rebaptisée la Hispaniola. Cette période est ce que l’on appelle dans les livres d’histoire, la Découverte des Amériques (⸮). L’Espagne célèbre le 12 octobre El Día de la Hispanidad (Le jour de la fête nationale) en commémoration au débarquement de Colomb. Et dans les pays hispanophones, ce jour est célébré comme El Día de la Raza (⸮).
L’arrivée des esclaves Noirs sur l’île de la Hispaniola
En 1516, il reste si peu de Taïnos sur l’île, que le juge de la résidence Alonso Suazo demande un accord avec le Portugal pour l’introduction d’esclaves Noirs dans l’île.
L’esclavage et le développement de l’industrie sucrière
A partir de 1518, les Pères Hiéronymites (Los Padres Jerónimos), alors administrateurs des sucreries de l’île, présentent au cardinal Cisneros la nécessité de faire venir des esclaves africains. Dès lors commence le trafic d’importants contingents de Noirs africains en provenance directe d’Afrique. D’une part, pour substituer les Taïnos massacrés et morts de maladie, et d’une autre, pour développer l’industrie sucrière.
Hispaniola : la base arrière des colons
Dans le même temps, la Hispaniola devient la base arrière pour la découverte du Nouveau Monde, qui à juste titre, devrait être nommée la colonisation des Amériques. Les élites et les hauts fonctionnaires de la Couronne vivent dans la Zona colonial de Santo-Domingo. A l’instar de conquistadors et d’esclavagistes de tout poil : Alonso de Ojeda, Juan de Esquivel , Amerigo Vespucci…
On assiste au début du Commerce triangulaire, de la traite négrière reliant l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. L’esclavage des Noirs va durer près de 3 siècles en République Dominicaine.
Histoire de République Dominicaine : les pirates des Caraïbes
La Hispaniola est dans le viseur des corsaires et pirates
La découverte de nouveaux territoires plus riches en or provoque le départ de la flotte espagnole. Bien que Santo Domingo s’est développée au cours de ces 60 premières années de colonisation et compte une cathédrale, une université et un hôpital, la Hispaniola est délaissée par les conquistadors en faveur des terres du Mexique, du Pérou et de Cuba. Si bien que La Havane devient le carrefour stratégique des Espagnols dès 1564. Le départ de l’armée laisse les colonies espagnoles sans réelle défense militaire. Et les terres devenues rentables en raison de l’exploitation de la canne à sucre par les esclaves, deviennent la proie des corsaires et autres pirates agissant en nom propre.
Corsaires, flibustiers et boucaniers : le pillage de la Hispaniola
Le corsaire Francis Drake met à sac Saint-Domingue
Le pillage le plus célèbre de Santo Domingo est perpétué par le corsaire anglais Francis Drake en 1586 (avec l’appui de la reine d’Angleterre Isabel I). Les britanniques occupent la ville pendant un mois, utilisent la cathédrale de Saint-Domingue comme caserne, et pillent toutes les richesses et brûlent tout sur leur passage. Ils repartent après de longues négociations et avec 25 000 ducats, laissant derrière eux une Santo Domingo en ruines.
Ce pillage démontre à la couronne d’Espagne la vulnérabilité de sa colonie sur l’île Hispaniola, et la nécessité de renforcer ses principaux ports dans les Caraïbes par la fabrication d’armes et une architecture défensive.
La très convoitée île Hispaniola
Les corsaires français
À partir du milieu du XVIe siècle, la mer des Caraïbes est une zone belliqueuse où s’affrontent les corsaires des puissances de l’époque. La Hispaniola devient une terre convoitée. Et le royaume de France ne tarde pas à envoyer ses corsaires qui s’installent sur Isla Tortuga (l’île de la Tortue), à seulement quelques kilomètres au nord-ouest de la Hispaniola. Ils envahissent alors et peu à peu le nord de la Hispaniola en se servant de l’île de la Tortue comme base arrière.
Les boucaniers
A cette même époque, les boucaniers (noms donnés aux aventuriers français spécialisés dans la chasse qui pour conserver la viande la fument -boucaner) font commerce du cuir et s’installent sur le territoire.
La division de la Hispaniola
L’expansion des boucaniers sur la Hispaniola donne le prétexte au royaume de France de réclamer tout le nord de l’île à l’Espagne. Après négociation, les deux puissances coloniales se divisent l’île par le traité de Ryswick en 1697. L’ouest devient alors une colonie française, appelée colonie de Saint Domingue (l’actuel Haïti), et l’est, Santo Domingo. En 1777, le traité d’Aranjuez officialise la présence française à Saint Domingue et limite les parties espagnoles et françaises.
A la même période, de nombreuses attaques de pirates agissant en nom propre (français, hollandais et anglais) attaquent l’île pour la piller et livrent bataille dans la mer Caraïbe. Le terme flibustier est le nom propre donné aux pirates des Caraïbes.
Saint-Domingue : la fin de la colonisation
La rébellion de Vincent Ogé
En 1790, Vincent Ogé, mulâtre natif de Saint Domingue, organise une rébellion en armant plus de 300 mulâtres dans les montagnes du Nord. Mais les troupes réagissent et dispersent la rébellion, arrêtant plus de 200 révolutionnaires. Début janvier 1791, Vincent Ogé est livré par les Espagnols où il avait trouvé refuge. Après un procès on ne peut plus sommaire, Ogé et son complice, le noir affranchi Jean-Baptiste Chavannes, sont roués vifs en place publique le 25 février 1791. 40 hommes seront pendus ou condamnés aux galères.
La rébellion de Toussaint Louverture
S’inspirant de la Révolution française et s’appuyant sur la Déclaration des droits de l’homme (1789), les esclaves affranchis (les libres) se révoltent en 1791 et contraignent de nombreux colons Blancs à quitter l’île. Toussaint Louverture (ancien esclave affranchi, né au Sénégal en 1743 et qui avait d’abord servi dans l’armée espagnole avec le grade de colonel) est à la tête de l’insurrection. Il se rallie alors aux troupes françaises pour pacifier Saint Domingue et chasser le colon espagnol. Il est alors nommé gouverneur de Saint Domingue, et en 1793, l’abolition de l’esclavage est abolie par la convention.
L’île Saint Domingue française
Avec le traité de paix de Bâle le 22 juillet 1795, l’Espagne cède l’ensemble de l’île Saint Domingue à la France. Mais cette domination ne dure que jusqu’en 1808.
La marche de Toussaint Louverture
En 1801, une fois la partie française conquise, Toussaint marche pour prendre possession de la partie espagnole de l’île et entre en triomphe dans la ville de Saint Domingue. Agissant jusqu’à présent pour le compte de la France, il prône l’indépendance et se proclame chef suprême de l’île et la déclare « Une et indivisible ».
L’intervention de Bonaparte
Mais en 1802, Napoléon Bonaparte dépêche une escadre de 80 navires et une armée de 16 000 soldats sur la naguère Hispaniola pour contrer l’ambition indépendantiste de Toussaint. Ce dernier est déclaré fugitif, et la guerre civile s’aggrave. Il est finalement emprisonné et incarcéré en France où il meurt le 27 avril 1803 dans d’épouvantables souffrances. Le général Dessaline (aussi ancien esclave) lui succède et proclame l’indépendance de Haïti en 1804. C’est la première république noire au monde. Mais il sera tué en 1806 deux ans après la proclamation.
En 1808, les créoles de Saint Domingue menés par Juan Sanchez Ramirez, se rebellent contre la domination française lors de la bataille de Palo Hincado. En août 1809, la partie orientale redevient espagnole. Une nouvelle période s’ouvre jusqu’en 1821, l’España Boba, où peu d’interventions de l’Espagne ont lieu dans la gestion de la colonie.
Histoire de l’indépendance de la République Dominicaine
L’Espagne Boba
En raison du laisser-aller espagnol sur l’administration de Saint Domingue (España Boba) et de la situation économique de l’île, plusieurs tentatives de renversement du pouvoir ont lieu après 1809. Si bien qu’en 1821, José Núñez de Cáceres (lieutenant du gouverneur) conspire contre l’Espagne et proclame pacifiquement l’indépendance de la partie orientale de l’île le 30 novembre 1821. Le 1 décembre de la même année, la première déclaration d’indépendance dominicaine est annoncée. C’est la création de l’Etat indépendant d’Haïti Espagnol (la République Dominicaine).
L’État indépendant d’Haïti Espagnol n’a existé que pendant 2 mois et 8 jours, et n’a jamais reçu de reconnaissance internationale. Cette période est connue sous le nom d’Indépendance éphémère.
L’invasion et l’occupation haïtienne de la République Dominicaine
L’indépendance proclamée par Nuñez n’est que de courte durée. Car peu de temps après, le Général de la République d’Haïti, Jean-Pierre Boyer, envahit la partie orientale avec 12 000 hommes le 9 février 1822. Le rêve de Jean-Jacques Dessaline, alors Empereur d’Haïti et considéré comme le Père fondateur d’Haïti, se fait réalité : l’île est une et indivisible. Et elle le restera pendant 22 ans. Cependant, l’île connaît la récession, la décadence, l’abandon, et les émeutes fréquentes sont réprimées d’une main de fer.
Juan Pablo Duarte et “La Trinitaria”
En 1838, Juan Pablo Duarte fonde à Santo Domingo la société secrète La Trinitaria. Composée de 9 fondateurs initiaux organisés en groupe de trois, ils ont pour pour devise : “Dieu, Patrie et Liberté”. Leur mission : “propager l’idée de la séparation d’avec Haïti”. Leur intention : se libérer du joug d’Haïti et convertir leur état en un état libre et indépendant, la République Dominicaine.
La propagation des idées nationalistes par La Trinitaria
Suite à La Trinitaria, les fondateurs créent La Filantrópica. Société non secrète cette fois-ci, ils organisent des réunions publiques pour conscientiser les foules et propager les idées souveraines et nationalistes. Ils fondent ensuite La Dramática, où les fondateurs utilisent le théâtre pour répandre les idéaux révolutionnaires à la population.
Les Pères fondateurs de la patrie sont Francisco del Rosario Sánchez, Matías Ramón Mella et Juan Pablo Duarte. Ils reposent dans le mausolée Altar de la Patria, dans le Parque de la independencia à Santo Domingo, face à la Puerta del Conde.
Le Manifeste du 16 janvier 1844
Le Manifeste du 16 janvier 1844 est rédigé avant la fondation de la République Dominicaine. C’est littéralement l’acte d’indépendance de la Nation Dominicaine, le texte dans lequel la République est fondée et construite. Le manifeste expose les raisons justifiant la séparation de la République d’Haïti, pointant tous faits et griefs subis lors de l’occupation haïtienne.
27 février 1844 : la République Dominicaine est proclamée
Force d’organisation, de diffusion des idées et de militantisme, des groupes de patriotes se regroupent dans la nuit du 27 février 1844. Mella tire alors à la Puerta de la Misericordia un coup de tromblon (trabucazo). Puis à la Puerta del Conde, la République Dominicaine est proclamée par Francisco del Rosario Sánchez, alors chef du mouvement. Brodé par Concepción Bona et María Trinidad Sánchez, le drapeau dominicain est hissé à Puerta del Conde. Les motifs et couleurs du drapeau avaient été approuvés par la Trinitaria le 16 juillet 1838.
Arrivée de Pedro Santana au pouvoir de la République Dominicaine
La République Dominicaine est alors dirigée par un Conseil du gouvernement central, placé sous le pouvoir des conservateurs jusqu’en 1844. La même année, Pedro Santana est élu Premier Président de République Dominicaine. Les années qui suivent connaissent une vraie instabilité (difficultés économiques, partisanerie, tyrannie, exil politique…). Les Haïtiens tentent plusieurs fois d’envahir la République Dominicaine (de 1844 à 1856) pendant que Santana et Báez s’alternent le pouvoir.
L’annexion de la République Dominicaine à l’Espagne et la guerre de restauration
Santana ramène la République Dominicaine au statut de colonie
En 1861, Pedro Santana rattache la République Dominicaine à l’Espagne et ramène le pays au statut colonial, prétextant la crainte d’une nouvelle annexion d’Haïti. Mais la réaction des opposants ne se fait pas attendre. Menés par José Antonio Salcedo, les révolutionnaires provoquent la guerre de Restauration. Haïti sous la crainte d’une nouvelle puissance coloniale, appuie la rébellion.
Les révolutionnaires chassent les Espagnols de République Dominicaine
L’Espagne abandonne l’île en 1865 après deux ans de combats. Des conflits politiques et des révoltes militaires se succèdent dans une République Dominicaine endettée. Báez entre alors en fonction et élabore un plan d’annexion aux États-Unis.
L’arrivée au pouvoir du dictateur despote Ulysse Heureaux
Renversé en 1874, Báez revient puis est de nouveau renversé de la scène politique. Une nouvelle classe de politiciens émerge alors. Une paix relative s’installe en République Dominicaine mais le dictateur Ulysse Heureaux arrive au pouvoir en 1888 (créole né à Puerto Plata). Fils d’un Haïtien, il fait une carrière militaire et politique grâce à son amitié avec Gregorio Luperon. Surnommé Lilís, le nouveau président est d’abord populaire, mais ça ne va pas durer. En un peu plus de 10 ans de gouvernance, il endette davantage le pays. Il s’enrichit grâce à sa position, et instaure et maintient un état policier. Il est assassiné en 1899.
Une paix relative après la mort de Lilís
Un calme relatif succède à la mort de Lilís et permet une amélioration de l’économie. L’industrie sucrière se modernise, et la République Dominicaine attire des travailleurs de l’Ancien et du Nouveau Monde. A partir de 1902, des gouvernements de courtes durées se succèdent. Nonobstant, le gouvernement dominicain est en faillite et dans l’incapacité de payer les dettes laissées par Heureaux. Le pays est alors face au risque d’une intervention militaire française et sous la menace d’autres puissances créancières en Europe .
L’occupation de La République Dominicaine par les États-Unis
Face à l’instabilité du pays et pour se protéger des puissances européennes, les Etats-Unis s’intéressent à leur tour à la République Dominicaine. Une convention en 1907 sous la présidence de Ramon Caceres cède l’administration du pays aux Etats-Unis. Il s’agit notamment des douanes qui constituent la principale source de revenus du pays. Impopulaire, Ramon Caceres est assassiné en 1911. S’ensuit plusieurs années d’instabilité politique et une guerre civile.
Sous l’impulsion des Etats-Unis, un président provisoire est élu, la même année, lors d’élections (relativement) libres, l’ancien président est élu : Juan Isidoro Jimenes Pereyra.
La fin de l’occupation
Le gouvernement militaire despote imposé par les États-Unis est désavoué par les dominicains. En conséquence, une forte opposition se produit contre les soldats américains. Après la Première Guerre mondiale, l’opinion publique aux États-Unis s’oppose à l’occupation de la République Dominicaine. Et comme annoncé dans sa campagne, Le président Warren G. Harding, successeur de Wilson, s’engage à mettre fin à l’occupation. Une élection présidentielle est déclenchée en mars 1924 et le président élu est Horacio Vásquez. Après 6 ans de gouvernance, dans lesquels les droits politiques et civils ont été respectés et l’économie redressée, la République Dominicaine passe sous la tutelle d’un seul homme en 1930, le général Trujillo.
Histoire de République Dominicaine : le pays tombe sous la dictature de Trujillo
Conspirateur psychopathe, le général Rafael Leónidas Trujillo Molina (né en 1891 à San Cristobal) entre dans l’histoire comme dictateur de la République Dominicaine en 1930. Propulsé par son ambition, la conspiration, la trahison et la corruption, il impose un régime de terreur à la République Dominicaine pendant 31 ans.
Trujillo le sociopathe
Pour bien situer le personnage, Trujillo détient le tiercé gagnant avec à son actif les principales caractéristiques du sociopathe. Il est mégalomane au point de renommer des milliers de places et de rues en son nom. Il va même jusqu’à rebaptiser la capitale en “Ciudad Trujillo ». Il est vaniteux à se faire décorer de plus de 200 médailles militaires. C’est un dépravé sexuel jusqu’à se faire surnommer « El chivo » (le bouc) par la population. Va s’en dire que c’est un assassin hors pair. On dénombre à environ 50 000 le nombre de victimes dont il est le responsable. En gros, Trujillo assassine à tour de bras et en toute impunité. Parfois par caprice, d’autres fois parce qu’il s’agit d’un opposant politique, et d’autres fois encore par pur intérêt économique ou personnel.
Un dictateur sanguinaire et pervers
Son régime condamne tout mouvement ou toute personne contestataire : la presse est bâillonnée, les communistes emprisonnés ou tués, les syndicalistes pourchassés, les opposants torturés puis assassinés. Trujillo est même le commendataire en octobre 1937 du génocide de 20 000 Haïtiens. Connu sous le nom de Massacre du Persil (Masacre del Perejil), le despote paranoïaque ordonne à ses troupes l’exécution de tous les travailleurs Haïtiens dans le nord du pays prétextant la tentative d’invasion (voir section consacrée plus bas).
L’homme le plus riche de République Dominicaine
Trujillo appuie sa dictature et son pouvoir grâce à la Garde nationale laissée par les Américains. Il a la mainmise sur l’industrie, l’agriculture et à peu près tout ce qui génère des richesses excepté les douanes dont l’administration est restée côté Etats-Unis. Il devient l’homme le plus riche de République Dominicaine (et l’un des 6 au monde) avec une fortune estimée à sa mort à 800 millions de dollars.
Arrivée au pouvoir de Trujillo
Décembre 1918, Trujillo fait partie des militaires dominicains qui entrent dans la Garde Nationale (Guardia Nacional) mis en place par les Américains lors de l’invasion de Santo Domingo. Il commence alors à combattre les guerilleros nationalistes, appelés los gavilleros, dans la région orientale du pays.
En 1921, il entre à l’école des officiers (sous tutelle américaine toujours) et en sort promu avec les honneurs. 1922, il devient capitaine de la police nationale dominicaine. Deux ans après, les troupes nord-américaines se retirent de Santo Domingo. Elles laissent un pays avec une économie organisée qui répond aux besoins des Etats-Unis (évidemment), et avec les douanes administrées par des fonctionnaires américains. La Garde Nationale est alors organisée et formée par les Marines.
Election de Vásquez et nomination de Trujillo comme Chef d’état major de l’armée de République Dominicaine
En 1924, le général Horacio Vásquez gagne les élections et devient président de République Dominicaine. Dans le même temps, Trujillo est major-commandant du département nord avec un siège à Santiago. Puis en décembre de la même année, Vasquez promeut Trujillo lieutenant-colonel et le nomme Chef d’état major de l’armée basée au fort Ozama (fort de San Luis).
Rupture de l’alliance nationaliste-progressiste
Vasquez remporte donc les élections en faisant alliance avec Federico Velazquez (progressiste) pour une période non renouvelable de 4 ans (engagement de campagne de non-réélection). Mais les horacistas (les membres du parti de Vasquez) réussissent à prolonger le mandat de 2 ans en jouant avec des vides juridiques et d’autres manipulations douteuses. Cette manœuvre crée une vague de protestation, jusqu’à Velazquez qui démissionne et rompt l’alliance entre nationaliste et progressiste.
Corruption de l’administration de la République Dominicaine
En 1929, la corruption de l’administration dominicaine atteint des sommets. Devant ce constat et le désordre financier, les américains envoient une commission d’experts financiers en vue d’organiser la situation financière du pays. La commission constate plusieurs niveaux de corruption jusque dans l’armée, alors sous Trujillo, où elle observe un déficit de 400 000 pesos à l’année (une fortune à l’époque). Pendant que Trujillo contrôle les forces militaires et le pouvoir économique, les horacistas se disputent le poste que va bientôt laisser le président Vasquez.
La préparation des élections et la montée d’Alfonseca
Le docteur Jose Dolores Alfonseca monte à la vice-présidence de la République Dominicaine, mais celui-ci est en contradiction et désaccord avec Trujillo. Martin de Moya, opposant à Alfonseca, est au fait des discordances d’opinion entre Trujillo et ce dernier recherche son soutien. Alfonseca se profilant comme candidat idéal pour la vice-présidence, Horacio Vasquez, alors président sortant, stimule le pouvoir de Trujillo pour affaiblir Alfonseca. A cette même période, des groupes horacistas militent pour un nouveau mandat de Vasquez, et Trujillo conspire déjà à une carrière politique.
Vasquez de nouveau candidat à la présidence de la République Dominicaine
Bien qu’il s’est engagé à ne pas se représenter, Vasquez est candidat à la présidence. Mais 6 jours plus tard, il part pour Baltimore pour une intervention chirurgicale (opération des reins). Alfonseca, alors en vice-présidence, organise la destitution de Trujillo. Mais le futur dictateur ne se présente pas à l’heure convenue, mais quelques heures plus tard et avec 20 officiers militaires lourdement armés (un bon pouvoir de dissuasion). Devant la démonstration de force de Trujillo, et la médiation du ministre nord-américain, Alfonseca abandonne son projet, le laissant à Vasquez.
Une crise économique aggrave la situation
Le 4 janvier 1930, Vasquez revient de Baltimore et reprend ses fonctions présidentielles mais affaibli par son opération. Ces collaborateurs l’informe de la conspiration de Trujillo, mais Vasquez n’entend pas le destituer et croit en sa loyauté (apparemment, c’est le seul). La même année, une crise économique sévit dans le pays ce qui provoque des instabilités et rompt certaines institutions de l’État dominicain à l’exception de l’armée.
Ureña et Charles Curtis œuvrent pour l’arrivée au pouvoir de Trujillo
Les politiciens de l’époque (Estrella Ureña, Federico Velazquez, desiderio Arias) courtisent Trujillo en vue d’avoir son soutien et celui de son armée pour leurs projets politiques personnels. Le 23 février 1930, Ureña et ses rebelles prennent d’assaut la fortaleza San Luis de Santo Domingo et vainqueurs sans difficulté, ils organisent une marche en suivant sur la capitale.
L’invasion de Santo Domingo par les rebelles
Devant l’entrée imminente des rebelles en ville, Vasquez demande l’asile et une délégation diplomatique nord-américaine. Mais sa demande est refusée par le ministre Charles Curtis, ce dernier lui assurant que Trujillo lui reste loyal et fidèle.
Quelques instants après, Vasquez accompagné de Curtis sortent à la fortaleza de San Luis et Vasquez demande alors à Trujillo s’il est son Président ou son prisonnier. Trujillo répond alors qu’il est son Président. Vasquez ordonne alors à Trujillo que Alfonseca conduise le déplacement des troupes pour bloquer les rebelles. Mais dès lors que le président se retire, Trujillo donne l’ordre à Simon Diaz de relever Alfonseca de son commandement et de laisser entrer les rebelles dans la ville.
Trujillo accède aux élections présidentielles dominicaines
Finalement, la médiation américaine permet de conclure un accord entre les rebelles et Vasquez. Toutefois, il doit renoncer à ses fonctions, placer Estrella Ureña comme ministre de l’intérieur pour ensuite occuper la présidence, et ne pas laisser à Trujillo et Alfonseca le droit de se présenter à la présidence.
Mais l’accord n’est pas respecté, et la candidature de Trujillo à la présidence est annoncée, ainsi que celle de Ureña à la vice-présidence. S’en suit alors une forte répression contre toute l’opposition politique de la part de l’armée : assassinats, menaces, intimidations. Si bien que les parties se retirent de l’élection et saisissent la justice de Santo Domingo (sans suite) pour faire annuler l’élection.
Le 16 mai 1930 se célèbrent les élections avec un seul représentant, le général Trujillo. Selon les estimations, 25 % de l’électorat se présentent aux urnes cependant, Trujillo remporte l’élection avec 223 851 voix, soit plus de voix que de nombres d’électeurs inscrits.
Histoire de République Dominicaine : la dictature sous Trujillo
La gouvernance de Trujillo ne sera qu’une succession de violences perpétrées contre tout opposant au régime et au parti : syndicalistes, communistes, journalistes, politiques… tous n’ont que trois options :
- se taire et adhérer au régime ;
- quitter la République Dominicaine comme exilé ou immigré ;
- se faire exécuter par les barbouzes du dictateur.
Mais Trujillo est fin stratège, il soigne son image et celle de sa politique. Durant la Seconde Guerre mondiale, Trujillo se range du côté des alliés, et accueille même des réfugiés juifs en 1940 à Sosua.
Une croissance économique notable
Bien que le dictateur accumule et détourne les richesses à son profit sous son mandat, la République Dominicaine connaît une croissance économique considérable. Le processus d’industrialisation se développe, des progrès sont réalisés dans la santé, l’éducation et les transports, le logement et le régime de retraite. Notons que les conditions de travail sont déplorables, que les salaires des ouvriers agricoles sont excessivement bas, que le droit à la paresse n’existe pas et que des camps de travail forcé sont organisés.
Une répression omniprésente dans le pays
Trujillo met fin à la gestion de l’administration douanière avec les États-Unis en 1941 qui avait pour échéance initiale l’année 1956. Il libère la République Dominicaine de sa dette envers les Etats-Unis en 1947 (dette contractée pour financer le programme de travaux publics lorsque la République Dominicaine était sous l’administration américaine). Mais au risque de se répéter, insistons sur le fait que cette avancée économique est accompagnée d’une forte répression, de meurtres, de disparitions, de tortures et de méthodes terroristes contre la population dominicaine. Les intellectuels fuient le pays, recherchent l’exil, à l’instar des syndicalistes comme Mauricio Baez, défenseur des ouvriers de la canne à sucre.
Somme toute, celui qui n’est pas avec Trujillo est contre Trujillo. El chivo est partout, et va jusqu’à coucher avec les femmes de ses ministres pour tester leur soumission.
Trujillo, le mégalomane narcissiste
La mégalomanie de Trujillo est sans égale, et le pousse à rebaptiser le nom de la capitale Saint-Domingue en « Ciudad Trujillo« , et Pico Duarte (la plus haute montagne du pays) par « Pico Trujillo« . Ceci sans compter le changement de noms de milliers de places, de rues, de villes et même d’une province. Il fait construire un nombre considérable de statues à son effigie, et crée même une radio à ses initiales RLTM.
En 1934, à la fin de son premier mandat, il est l’homme le plus riche du pays et l’un des plus riches du monde dans les années 1950. A la fin de son régime, sa fortune est estimée à 800 millions de dollars.
Le massacre de Perejil
Trujillo est nationaliste, raciste, et mène une politique anti-haïtienne, bien qu’il ait lui-même des racines haïtiennes de par son arrière grand-mère maternelle.
Le massacre de Perejil désigne une épuration ethnique réalisée par l’armée, la police, et des fanatiques dominicains qui ont tué quelque 20 000 Haïtiens en cinq jours. Le massacre a lieu au nord-ouest de la République Dominicaine, le long de la frontière Dajabon. Certaines sources annoncent non 20 000 mais entre 20 et 40 000 haïtiens qui ont été exécutés à coups de machette.
Trujillo va jusqu’à fermer le pont de Dajabon (alors frontalier avec Haïti) pour empêcher les haïtiens de fuir et s’assurer de tous les exterminer. Un vrai meurtrier.
Une épuration ethnique contre les haïtiens
Ce massacre est bien une épuration ethnique, car la seule motivation est raciale. Et pour conduire ces exécutions, il est demandé aux haïtiens de prononcer le mot “perejil”, car il est pour eux difficile de prononcer le « r”. Ainsi, dès qu’une personne à la peau foncée a des difficultés à prononcer le mot, elle est sommairement exécutée.
Suite à ces évènements sanglants, la République Dominicaine est condamnée à l’international. Mais Trujillo parle de soulèvement spontané et regrettable de la part des paysans dominicains qui avaient peur pour leur bétail, tournant ainsi les victimes en accusés.
À la suite du massacre de Persil, la République Dominicaine négocie avec le gouvernement haïtien, dont le silence et la passivité interrogent de nombreuses critiques. Le gouvernement haïtien négocie alors une compensation de la somme de 750 000 dollars, renégociée et réduite à 525 000 dollars, ce qui correspond à 26,25 dollars par haïtien massacré.
La persécution continue ensuite. Lors de la première moitié de 1938, des milliers d’autres Haïtiens sont déportés et des centaines sont massacrés.
Une dictature étendue hors de la frontière dominicaine
Trujillo étend sa tyrannie aux États-Unis. A New York, en 1956, ses fidèles kidnappent et exécutent Jesús Galíndez (opposant), puis Charles Murphy, le pilote qui avait conduit Galindez de New York à la République dominicaine.
La chute et la fin du dictateur Trujillo
Le 14 juin 1959, une tentative de renversement du régime de Trujillo organisée depuis Cuba échoue. 200 exilés dominicains et révolutionnaires cubains sont massacrés en quelques heures.
Le meurtre des sœurs Mirabal
Surnommées “las mariposas” (les papillons), les sœurs Mirabal, Minerva, Patria et María Teresa, sont nées dans la province de Salcedo. Province qui aujourd’hui porte leur nom en hommage à leur lutte contre Trujillo et leur assassinat en 1960. Issues d’une famille respectable, Minerva étudie le droit, Patria la dactylographie, et María Teresa les mathématiques. Les trois sœurs sont dans la lutte contre le régime, et les trois se marient jeunes, avec des hommes également engagés dans la cause politique.
Le début du harcèlement de Minerva et de la famille Mirabal
En 1949, la famille Mirabal est invitée à une réception en l’honneur de Trujillo et durant cette soirée, El shivo tombe sous la beauté de Minerva. Il la courtise sans succès, pendant qu’elle lui exige l’arrêt du harcèlement judiciaire de Pericles Franco, un des fondateurs du Parti Socialiste Populaire et ami.
Rejeté par Minerva, Trujillo commence à harceler la famille Mirabal. Il envoie le père en prison, suivi de Minerva et de quelques-unes de ses amies qui ne resteront que quelques semaines enfermées.
Las Mariposas et la lutte politique
En 1955, Minerva se marie avec Manolo Tavares, étudiant en droit opposé au régime. Il devient par la suite le président d’un mouvement contre la dictature appelé Agrupacion 14 de junio (en l’honneur d’une expédition armée provenant de Cuba ce jour-ci). Mouvement dans lequel Minerva, Patria et Maria Teresa luttent activement contre le régime, ainsi que leurs époux respectifs.
Trujillo ne tarde pas à emprisonner les fondateurs, et à torturer les militants du mouvement, dont certains viennent de familles riches et d’intellectuels. Pour cette raison, la pression sociale ne se fait pas attendre, et Trujillo est contraint de libérer de nombreux prisonniers. Manolo Tavares ainsi que d’autres membres du mouvement, dont les époux des sœurs Mirabal, restent derrière les barreaux.
L’assassinat des sœurs Mirabals
Le 25 novembre 1960, alors que les trois sœurs Mirabal reviennent de rendre visite à leurs époux à la prison, elles sont interceptées par les barbouzes de Trujillo. Elles sont rouées de coups, étranglées et exécutées sauvagement. La police secrète du dictateur jettera leurs cadavres dans un ravin pour déguiser le meurtre en accident. Leur chauffeur, Rufina de la Cruz, perd la vie également.
L’impact de leur assassinat touche la nation entière. Les sœurs Mirabal étaient des leaders, des militantes politiques luttant contre le pouvoir despotique de Trujillo, et des mères écoutées de tous. Minerva avait 34 ans, Patria 36 ans, et Maria Teresa 25 ans.
Le 25 novembre, date où leurs corps sont retrouvés, devient le jour de la célébration internationale de la « Journée pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes », instituée par l’ONU en 1999.
Fin du régime de Trujillo en République Dominicaine
Suite à l’assassinat des sœurs Mirabals, l’opposition politique s’active comme jamais contre le régime de Trujillo. Cet assassinat est l’assassinat de trop. D’autre part, le dictateur devient un embarras pour les Etats-Unis, car sa dictature pourrait conduire à une révolution communiste comme ce fut le cas à Cuba. Le 20 janvier 1961, lors de l’arrivée au pouvoir de J.F. Kennedy, la CIA projette d’écarter Trujillo du pouvoir.
Le 15 avril 1961, Kennedy envoie le diplomate Murphy en République Dominicaine s’entretenir avec le dictateur pour le convaincre de se retirer pacifiquement (il est le 4ème émissaire envoyé). Mais Trujillo reste sur ses positions.
La mort de Trujillo
Mais le grand jour arrive. Le 30 mai 1961, à 21h45, au km 9 sur la route de Santo Domingo à Santo Cristobal, Trujillo est assassiné. La voiture dans laquelle le général voyage est pris dans une embuscade et tombe sous les feux des mitrailleuses. Le véhicule reçoit plus de 60 impacts de balles de différents calibres. Le dictateur succombe à la fusillade, mais pas son chauffeur Zacarías de la Cruz.
L’assassinat est exécuté par un groupe de civils et militaires Modesto Díaz (le plus âgé du groupe, 60 ans), Salvador Estrella Sadhalá , Antonio de la Maza , Amado García Guerrero (qui appartient à la garde présidentielle), Juan Tomás Díaz, Roberto Pastoriza, Antonio Imbert Barrera , Pedro Livio Cedeño et Huáscar Tejeda. Luis Amiama Tió et Manuel Cáceres Tunti (le plus jeune, il à peine 20 ans) font également partie de l’organisation mais ne sont pas présents la nuit de l’assassinat.
Les responsables de l’assassinat sont immédiatement recherchés
Leur persécution ne se fait pas attendre. L’armée interroge Zacarías de la Cruz à son arrivée à l’hôpital. Plus tard dans la nuit, on retrouve une arme sur les lieux du meurtre (un calibre 45 mm appartenant à Juan Tomás Díaz), et un véhicule abandonné (une Mercury, dont le propriétaire est Salvador Estrella Sadhalá). Pedro Livio Cedeño qui blessé lors de l’attentat contre Trujillo reçoit des soins à l’hôpital suivi d’un interrogatoire par le service de renseignement militaire.
Dans le même temps, l’armée déploie de lourds moyens dans Santo Domingo, et remonte jusqu’aux conspirateurs et ordonne leur recherche et arrestation. Ils seront tous retrouvés. Certains meurent en combattant, d’autres sont emprisonnés et torturés. Et toutes les personnes qui de près ou de loin ont un lien avec l’un des conspirateurs sont arrêtées, emprisonnées, torturées et tuées (parents, frères, enfants, ami, épouse…). Les seuls qui ne seront pas tués sont Antonio Imbert Barrera et Luis Amiama Tió.
Les enquêteurs retournent au domicile de Juan Tomás Díaz, révisent le garage, et retrouvent le corps de Trujillo dans un véhicule propriété de Antonio de la Maza.
République Dominicaine : de la dictature à la démocratie
La mort de Trujillo est célébrée dans toute la République Dominicaine
Dès que la mort de Trujillo est rendue publique, tout le pays entre dans la joie et l’allégresse. La foule envahit les rues et célèbre la mort du dictateur. Les dominicains rient, chantent et dansent. Ils brûlent des mannequins à son effigie caricaturée en bouc (El chivo), et les statues et bustes sont détrônés. Tout ce qui symbolise Trujillo et sa famille est détruit. Un merengue populaire intitulé “Mataron El chivo”, célèbre la mort du dictateur.
Gouvernance par Ramfi Trujillo et Joaquin Balaguer
Commence alors une période où les dominicains luttent contre toute rémanence du parti. De juin à décembre, le pays est gouverné par le binôme Ramfi Trujillo et Joaquin Balaguer qui maintient le régime (ils sont ni plus ni moins que le fils du dictateur et l’ancienne main droite de Trujillo). C’est alors que les sanctions économiques imposées par les Etats-Unis sont levées, que les exilés politiques reviennent peu à peu, et que de nouveaux partis politiques se créent et s’organisent.
La fuite du clan Trujillo
Pendant que le peuple dominicain veut construire un pays démocratique, le régime en place applique une politique de terreur. Mais le 18 novembre, des officiers de l’armée de l’air dominicaine, commandés par Pedro Ramón Rodríguez, se rebellent contre Ramfi Trujillo. Sous la pression, il décide d’abandonner Santo Domingo avec sa famille en direction de la France où il trouve refuge. Il prend toutefois le temps de faire exécuter les derniers responsables de l’assassinat de son père qui croupissaient sous les barreaux.
La création du Conseil d’Etat de République Dominicaine
La pression sociale s’accentue contre Balaguer qui est toujours à la tête du gouvernement. Le 1er janvier 1962 se crée le Conseil d’Etat et peu après, Balaguer s’exile. S’ouvre alors un processus démocratique, et une investigation sur les crimes commis par Trujillo dont l’assassinat récent des sœurs Mirabals. Les meurtriers sont condamnés, mais ils s’échappent en 1965.
Le Conseil d’État confisque tous les biens de Trujillo, et ses descendants sont interdits de retour en République Dominicaine.
Les élections dominicaines de décembre 1962 et le coup d’état
Le 20 décembre 1962 est élu Juan Bosch, leader du Parti révolutionnaire. Et le 30 avril 1963 est créée la Nueva Constitución (Nouvelle Constitution). Le texte inclut des droits civils et individuels pour tous les dominicains : des droits pour les travailleurs, la création de syndicats, mais aussi des droits pour les femmes enceintes, les indigents et une réforme agraire qui immédiatement réveille l’opposition des propriétaires terriens conservateurs. Mais comme tout politicien socialiste, sa gouvernance ne dure pas.
La crainte de l’influence communiste
Le 25 septembre de la même année, un coup d’État contre le gouvernement légitime de Bosch est perpétré en raison de ses intentions de réformes sociales et de son prétendu penchant marxiste. Le commandement militaire et l’élite économique craignent l’influence communiste dans le pays et la possibilité d’un « autre Cuba ». Le coup d’État annule les élections de 1962, abolit la constitution, et installe une junte civile, connue sous le nom de Triumvirat, dominée par les restes de Trujillo.
La révolution d’Avril 1965 en République Dominicaine
Le 24 avril 1965, après 19 mois de régime militaire, une rébellion armée pro-Bosch éclate. Mais le soulèvement est réprimé par l’armée dominicaine qui bombardent les rebelles ainsi que leur artillerie. Les Américains, par crainte d’une révolte communiste, envoie leurs Marines (42 000 soldats) quelques jours après (toujours là quand il s’agit de défendre les intérêts capitalistes). L’armée et l’Organisation des Etats Américains (OEA) occupent le pays pendant un an. Ces derniers empêchent la montée du communisme, et ils organisent les élections de 1966 remportées une nouvelle fois par Joaquin Balaguer. Pourquoi ? Mais parce qu’il représente davantage les intérêts et la politique de l’Oncle Sam bien sûr.
Les années Balaguer en République Dominicaine : les Douze ans
De 1966 à 1970
Balaguer occupe la présidence de la République Dominicaine de 1966 jusqu’en 1978. Le pays connaît une période tourmentée constituée d’assassinats politiques. Sous ce premier mandat, il réussit à assainir en partie les finances publiques et engage un modeste développement économique. En novembre 1969, le Comité des mères, épouses et proches des morts et disparus, publie une liste de 366 personnes tuées ou disparues au cours des trois premières années du gouvernement Balaguer.
De 1970 à 1974
Sans réelle opposition politique, Balaguer est réélu en 1970 pour 4 ans. En 1971, il confie à Perez y Perez la création d’un groupe parapolicier connu sous le nom de La Banda Colorá en charge d’assassiner les opposants au régime. Balaguer lance la construction d’écoles, d’hôpitaux, de routes, de barrages etc. et profite de ces chantiers colossaux pour remercier ses partisans politiques en leur offrant les contrats (belle corruption). Les gagnants sont connus sous le nom des 300 millionnaires.
Son administration tend vers l’autorité malgré la Constitution mais reste cependant non comparable avec la dictature de Trujillo.
De 1974 à 1978
Lors des élections en 1974, le Parti Révolutionnaire Dominicain retire leur candidat Antonio Guzmán. Le sentiment d’une République Dominicaine mi-démocratique mi-dictature se fait ressentir. Et sans grande surprise, Balaguer est une 3ème fois réélu avec 84.7% des voix. Sous ce troisième mandat, la situation internationale est favorable aux prix du sucre, le tourisme se développe, et les investisseurs privés créent une phase d’expansion économique.
Sous les accusations, Balaguer se défend des exactions de La Banda Colorá. Puis lors des élections de 1978, Guzmán remporte la présidence. C’est la première fois que l’opposition gagne une élection dans le calme.
La présidence de Guzmán en République Dominicaine
Durant sa présidence qui ne dure que 4 ans à peine, Guzmán apporte des changements à l’ordre bureaucratico-militaire et prend des mesures contre la corruption. Il dépolitise les Forces armées ainsi que la Police nationale.
A son titre, Guzmán promulgue la loi d’amnistie qui libère les prisonniers politiques et permet le retour d’exilés ce qui développe la démocratie de la République Dominicaine. Il favorise également le développement de l’agriculture ainsi que l’exportation et augmente la production d’énergie électrique. Mais trahit par les siens, Guzmán se suicide le 4 juillet 1982. Soit 43 jours avant la fin de son mandat, à l’âge de 71 ans.
Lors des élections de 1982, Salvador Jorge Blanco (du même parti, le parti Révolutionnaire Dominicain) remporte les élections et réalise son mandat jusqu’en 1986. Mais la fin de son mandat marque une nouvelle fois le retour de Balaguer pour 10 ans de présidence.
Histoire de la République Dominicaine de 1986 à 2020
Les 10 ans de Balaguer, de 1986 à 1996
Et c’est reparti… Balaguer remporte les élections de 1986 profitant d’une scission au sein du Parti Révolutionnaire Dominicain. Son gouvernement est davantage libéral, mais plus tolérant envers les partis d’opposition et les droits de l’Homme. Il poursuit les projets d’infrastructures et promeut sa popularité avec des projets de grandes envergures.
Pour favoriser sa réélection auprès des dominicains, Balaguer n’hésite pas à distribuer de la nourriture gratuite dans les zones rurales et de l’argent.
En 1990, malgré une abstention de 40%, Balaguer est réélu.
Le polémique Phare de Colomb à Saint Domingue
En 1992, pour le 500ème anniversaire de la “Découverte des Amériques” par Colomb et la visite prochaine du pape Jean-Paul II, Balaguer dépense des millions pour restaurer la partie historique (la zona colonial) de Santo Domingo. Il construit également le controversé Phare de Colomb, phare de 10 étages en hommage à Colomb, qui coûte quelque 200 millions de dollars.
Le phare est destiné à projeter une Croix chrétienne dans le ciel nocturne. Les restes de Christophe Colomb s’y trouvent aujourd’hui.
Balaguer le populiste
En 1994, Balaguer est réélu en achetant une nouvelle fois les votes des dominicains en zone rurale (grosso modo, en leur distribuant des pesos et des poulets). Et comme une mauvaise action ne vient jamais seule, il fait aussi croire que l’opposition veut annexer Haïti à la République Dominicaine.
L’opposition, José Francisco Peña Gómez du Parti révolutionnaire dominicain, appelle à une grève envers cette fraude. Le critique le plus véhément de Balaguer, Narciso González, disparaît du jour au lendemain sans explication aucune. Une enquête révèle par la suite que les élections étaient truquées en faveur de Balaguer.
Lors des élections de 1996, Leonel Antonio Fernández Reyna du Parti de la libération dominicaine (Partido de la Liberación Dominicana) est élu président.
La République Dominicaine à partir de 1996
Le parti en place est caractérisé par sa politique de privatisation d’entreprises d’Etat grâce à l’investissement étranger, et par la croissance macroéconomique. L’administration soutient le processus de modernisation du système judiciaire (création d’une Cour suprême) et d’autres domaines de l’Etat. Les relations avec Cuba sont rétablies, et un accord de libre-échange est signé avec l’Amérique centrale.
Hipólito Mejía est Président de République Dominicaine
En 2000, Hipólito Mejía remporte les élections avec le Parti Révolutionnaire Dominicain. Son gouvernement réalise d’importantes réformes économiques et sociales mais loin de redresser le pays, une crise économique sévit sous son mandat. L’échec de sa politique sociale entraîne des manifestations de grande ampleur.
Leonel Fernandez est élu en 2004
En mai 2004, Leonel Fernandez remporte les élections face à Mejía (Parti de la libération dominicaine). Il s’efforce de lutter contre la corruption (en apparence, comme tous) et parvient à restaurer la stabilité macroéconomique. Il développe des infrastructures dont le métro de Santo Domingo, les transports collectifs, les routes et les écoles. En 2008, il est réélu président de République Dominicaine et poursuit alors son programme politique.
Danilo Medina accède à la présidence puis Abinader en 2020
Danilo Medina du Parti Révolutionnaire Dominicain prend la succession à Mejía aux élections de 2012 et continue le développement des programmes sociaux et l’éducation, en plus de lutter contre la corruption (lui aussi, enfin, sur le papier). La monnaie est stable, la croissance économique continue, et d’importants investissements sont réalisés dans l’électricité et les infrastructures routières. Cependant, on constate une augmentation significative de la criminalité et de la corruption. Puis en 2016, Danilo Medina est réélu, et continue sur la même lancée.
Abinader est élu Président en 2020
Le 5 juillet 2020, Luis Abinader, du Parti révolutionnaire moderne (PRM), remporte les élections présidentielles.
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